Les handicapés estiment qu'ils ne jouissent toujours pas des mêmes droits que les personnes «normales». Malgré des progrès, ils se heurtent encore à des nombreux obstacles dans la vie de tous les jours. Ce qui explique la campagne de sensibilisation menée jeudi sur la Place fédérale à Berne.

Olivier Pauchard

Via des moyens didactiques, les personnes intéressées ont pu s'informer sur les obstacles et barrières qui compliquent inutilement la vie des handicapés et sur les solutions qui existent. Cette campagne n'était pas limitée à la Place fédérale; depuis le 8 septembre, diverses actions et manifestations avaient préalablement été menées dans plusieurs villes suisses.

A la veille d'un débat parlementaire

Cette action sur la Place fédérale n'est pas un hasard. En effet, le Conseil des Etats va se pencher sur un projet de loi fédérale sur l'égalité des personnes handicapées. Le débat aura lieu au cours de la session d'automne qui s'ouvre lundi.

Ce projet de loi est en fait un contre-projet à une initiative déposée par les associations de handicapés. Mais l'Association populaire pour l'égalité des personnes handicapées estime que ce projet de loi comporte encore d'importantes lacunes.

Le texte ne prévoit aucune disposition pour les relations de travail dans le secteur privé, ni pour la formation professionnelle. Son champ d'application est trop restreint, aucune obligation n'étant faite d'adapter les constructions existantes ouvertes au public dans un délai raisonnable. Enfin, le délai fixé pour adapter les infrastructures des transports publics est beaucoup trop long.

Statistiques défavorables

Environ un demi-million de personnes souffrent d'un handicap en Suisse. Des progrès ont certes été faits pour les intégrer dans la société, mais les obstacles restent nombreux.

Les handicapés estiment que les filières scolaires traditionnelles sont mal adaptées. Trop souvent, les jeunes handicapés sont obligés de fréquenter des établissements spécialisés. Cette situation continue pour la formation professionnelle et les études supérieures. On peut notamment remarquer que les handicapés sont sous-représentés dans les filières universitaires.

Le taux de chômage chez les handicapés est également supérieur à la moyenne. Les associations demandent donc que la loi sur l'égalité contienne une protection spécifique contre les discriminations aussi bien à l'embauche qu'en cas de renvois. Des mesures incitatives devraient aussi être mises en place pour encourager les entreprises à employer des handicapés.

Des bâtiments toujours inaccessibles

Les handicapés estiment que près de 70% des édifices et services destinés au public ne sont pas adaptés. Certes, les cantons prévoient que les nouveaux bâtiments seront équipés de manière convenable. Mais le problème principal réside dans l'application et le contrôle de ces normes. Et en cas d'infraction aux normes légales, les sanctions sont quasi nulles.

Autre problème de taille: les transports publics. Là aussi, des progrès ont été réalisés. Les handicapés sont toutefois obligés de constater que, dans la grande majorité des cas, ils ne peuvent pas encore utiliser toute la chaîne des transports publics d'une manière autonome et spontanée.

Enfin, les handicapés ont le sentiment d'être exclu du monde de la communication, si important à notre époque. Peu de choses sont faites pour la promotion du langage des signes, notamment dans les programmes télévisés. Et pour les personnes ayant des problèmes de vue, il existe encore trop peu de logiciels permettant de déchiffrer l'Internet.

Les handicapés espèrent désormais que les sénateurs prendront leurs remarques en compte lors du débat parlementaire. Réponse le 2 octobre.

Olivier Pauchard, Palais fédéral

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