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Les hésitations de la Suisse face à Taïwan

La reconnaissance de Taïwan pose des problèmes à la diplomatie helvétique. Keystone Archive

La Suisse reste fidèle au principe «d'une seule Chine» et refuse absolument de reconnaître Taïwan.

Ce contenu a été publié le 28 novembre 2003 minutes

Mais si Taïwan devait proclamer son indépendance, le ministère suisse des Affaire étrangères n’exclut pas de «repenser sa politique».

Dans un rapport adressé il y a peu à une commission du Parlement suisse, le Département (ministère) fédéral des affaires étrangères (DFAE) réaffirme sa fidélité absolue à Pékin.

«Sur la scène internationale, dit-il, il ne saurait exister qu'une seule Chine». La question d'une éventuelle reconnaissance de Taïwan (23 millions d'habitants) ne se poserait donc pas. Pour l'instant du moins.

Car pour ce qui est de l'avenir, le DFAE n'exclut pas qu'il puisse y avoir un jour des changements.

Il écrit en effet: «si les autorités de Taïwan devaient déclarer qu'elles ne représentent plus de jure la Chine dans son ensemble mais uniquement Taïwan, le Conseil fédéral (gouvernement suisse) se verrait dans l'obligation de repenser sa politique d'une seule Chine».

Une phrase explosive

Dans le contexte du litige entre Pékin et Taïwan, cette phrase est explosive. Il faut savoir en effet que la prétention historique de Taïwan à représenter toute la Chine – qui demeure officiellement en vigueur – est de plus en plus contestée par les Taïwanais.

Cette prétention remonte à 1949 lorsque le général Tchiang Kaï-chek, battu par les communistes pendant la guerre civile qui conduira à la création de la République populaire de Chine, se réfugie sur l'île chinoise de Formose (Taïwan).

Il y crée un Etat qu'il baptise «République de Chine» et qui, grâce au soutien des Etats-Unis, sera considéré par les Nations-Unies jusqu'en 1971 – et au mépris de la réalité – comme représentant toute la Chine.

Entre temps, Taïwan a évolué et est devenu – après des années de dictature militaire – un Etat démocratique. Conséquence: le mythe selon lequel Taïwan représente toute la Chine - un tabou pendant longtemps - est ouvertement discuté et remis en cause dans la population taïwanaise, notamment par les jeunes.

La question d'une éventuelle proclamation d'indépendance de Taïwan, qui pourrait s'appeler «République de Taïwan», est donc dans l'air. Elle sera d'ailleurs au centre de la campagne pour les élections présidentielles taïwanaises, qui auront lieu en mars prochain.

Encore plusieurs années

C'est à cette évolution que le DFAE fait allusion dans son rapport.

Dans l'avenir immédiat, Pékin a cependant peu à craindre car il n'y aura vraisemblablement pas de reconnaissance de Taïwan par Berne avant longtemps.

En effet, même si l'opinion publique taïwanaise évolue, l'éventuel processus de transformation de la «République de Chine» en République de Taïwan prendra plusieurs années.

En outre, Pékin – qui considère Taïwan comme partie intégrante de la Chine – a déjà clairement menacé l'île d'une guerre si elle proclamait son indépendance.

Il n'est donc pas exclu que si un référendum a lieu un jour sur la question, les Taïwanais hésitent finalement à faire le grand pas par peur d'une intervention militaire.

swissinfo, Michel Walter

En bref

- Sous domination japonaise depuis 1895, Taïwan est revenu à la Chine en 1945.

- En 1949, fuyant le communisme, deux millions de nationalistes s'y sont réfugiés pour y établir un régime devenu démocratique.

- L'île est peuplée d'un peu plus de 22 millions d'habitants.

- Le produit intérieur brut (PIB) est de 406 milliards de dollars.

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