Les dossiers qui attendent le président italien avant sa visite d'Etat en Suisse
Le congrès des Suisses d’Italie s'est tenu ce week-end à Florence. Un événement convivial et informatif, qui a permis de rappeler la qualité des relations entre la Suisse et l’Italie mais aussi les quelques problèmes qui subsistent.
Environ 56'000 Suisses vivent en Italie et plus d'une centaine de ces personnes se sont réunies ce week-end à Florence. La nouvelle ambassadrice de Suisse à Rome, Monika Schmutz Kirgöz, a souligné à cette occasion les liens étroits qui unissent la Suisse à l'Italie.
La Suisse achète autant en Italie que la Chine, l'Inde et la Russie réunies, a-t-elle illustré dans un italien parfait, avant de préciser que cette statistique est antérieure à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. «Nos deux pays partagent une frontière de 800 kilomètres, qui les unit plus qu'elle ne les sépare», a déclaré l'ambassadrice.
Dernière ligne droite pour l'accord sur les frontaliers
Les relations entre la Suisse et l'Italie ne sont toutefois pas totalement exemptes de nuages. Les deux pays repoussent depuis des années un accord sur l'imposition des frontaliers, alors que le canton du Tessin est de plus en plus mis sous pression par les 75’000 frontaliers italiens qui viennent y travailler chaque jour. Les deux pays souhaitent une réglementation contraignante pour l'imposition de ces pendulaires, mais le processus est complexe.
De plus, la Suisse figure depuis plus de 20 ans sur une liste noire établie par l’Italie, qui portait à l'origine sur les fuites d'impôts et de capitaux. Selon le Conseil fédéral, cette liste n'a pas de conséquences directes pour les banques helvétiques, mais elle donne un «mauvais arrière-goût» à l'image de la Suisse. Ce n'est que fin avril que le président de la Confédération Ignazio Cassis a demandé à l'Italie d’enfin retirer la Confédération de cette liste. «Même si cela n'a pas d'importance, il est laid d'y figurer», a-t-il déclaré.
La visite d'Etat du président italien est fixée
Le président italien Sergio Mattarella effectuera une visite d'Etat en Suisse à l'automne. Selon l'ambassadrice Schmutz-Kirgöz, tout est fixé à l'exception de la date exacte: le président passera une journée à Berne avec l'ensemble du Conseil fédéral et une journée à Zurich. Cette visite devrait donc fournir à la fois l’occasion et la motivation d’éliminer les derniers éléments perturbateurs.
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Le calendrier semble toutefois ambitieux. Car si en Suisse, tout est en place pour que l'accord sur l'imposition des frontaliers passe devant les deux chambres du Parlement d'ici la fin de l'année, l'Italie a du mal à faire de même. Jusqu'il y a peu, l'affaire n'était même pas à l'ordre du jour du Parlement à Rome. La Suisse en parle désormais à l'Italie à chaque fois qu’elle en a l’occasion.
Le problème est que la commission de politique étrangère du Sénat italien, qui doit ratifier l'accord, a été dissoute. Tou-te-s ses membres ont quitté leur poste en guise de protestation, face au refus du président de la commission - un fervent admirateur de Poutine – de démissionner. L'équipe qui devrait mener le traité bilatéral à son terme n'existe donc même pas à l’heure qu’il est. Mais l’objectif reste que l'accord puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2023.
La présence du président de l'Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), Filippo Lombardi, a été particulièrement appréciée à Florence. Cela faisait longtemps qu'un président de l'OSE ne s'était pas montré en Italie, a fait remarquer Gianfranco Definti, membre du comité de l'OSE. Ce dernier a mené une interview amusante avec Filippo Lombardi avant l'assemblée, lui offrant la tribune idéale pour partager ses points de vue et ses anecdotes. Au sujet du vote électronique, le président de l’OSE a notamment déclaré: «Il s'agit de bien plus que du droit de vote, il s'agit de participer à cette merveilleuse démocratie directe».
Attirer de la main-d’œuvre spécialisée
Ont suivi des incursions dans l'histoire du Tessin, le rôle de Filippo Lombardi dans le mythique club de hockey sur glace Ambri Piotta et sa volonté de voir l'OSE rajeunir. Filippo Lombardi a fait part des réflexions menées par l'OSE à ce sujet: avec une nouvelle initiative baptisée «Back to Switzerland», l’organisation voudrait attirer en Suisse les jeunes Suisses de l'étranger de deuxième ou troisième génération. Filippo Lombardi voit dans cette initiative une réponse à la pénurie de personnel qualifié.
Alex Hauenstein, le président de la fondation de la Place des Suisses de l'étranger à Brunnen, a lui aussi fait spécialement le déplacement jusqu’à Florence pour un bref discours de remerciement au nom de la Suisse. Il a livré des informations sur les récentes améliorations apportées à ce lieu situé au bord du lac des Quatre-Cantons. Une grande partie des dons ayant permis de financer les travaux proviennent de la diaspora suisse en Italie, un signe clair de l'attachement que les Suisses d’Italie portent à la mère-patrie.

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