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Les craintes des pilotes de Swissair

Swissair compte quelque 1200 pilotes, tandis que Crossair en emploie environ 1350. Keystone Archive

Les restructurations annoncées par Mario Corti et la fusion prochaine avec Crossair inquiètent fortement les pilotes de Swissair. Aeropers, leur syndicat, convoque la presse mercredi après-midi pour dénoncer les menaces sur l'emploi et les risques d'«implosion» du groupe.

Ce contenu a été publié le 26 septembre 2001 minutes

Pour l'heure, le groupe n'a pas fourni d'autres chiffres que les 1250 suppressions d'emplois annoncées fin août par le patron Mario Corti. Il s'agit de 600 postes dans le personnel au sol, 300 pour le personnel de cabine, 100 chez les pilotes et 250 dans le management, auxquels il faudra ajouter les quelque 3000 emplois à sacrifier chez Gate Gourmet.

Quant à la seconde cure d'amaigrissement, imposée par les retombées des attentats du 11 septembre, les pilotes ne peuvent pour l'heure qu'en imaginer les conséquences.

Seule certitude, 25% des 35 vols long-courriers de Swissair disparaîtront d'ici à 2004, soit environ 9 avions sur une flotte de 76 appareils. Quant aux court-courriers des deux compagnies, on sait seulement qu'ils seront regroupés. Crossair dispose également de 76 appareils au total.

Sur les quelque 1200 pilotes de Swissair, environ 300 devraient donc encore perdre leur emploi et les licenciements sont inévitables. Lundi, le syndicat Aeropers a averti que selon lui, la réduction de la flotte long-courrier aura aussi des conséquences décisives sur les court-courriers. Crossair de son côté occupe quelque 1350 pilotes.

Un gouffre salarial

En outre, les pilotes sont très critiques sur l'option que semble vouloir prendre le groupe de se concentrer désormais sur l'Europe, en ne gardant que les meilleures destinations vers l'Asie et les Etats-Unis. Selon eux, Swissair va se retrouver de plus en plus en concurrence avec le train.

Et derrière ces craintes, le problème des salaires revient lui aussi avec instance sur le tapis. Comme l'a laissé entendre Mario Corti lundi, la question des salaires des pilotes de Swissair «n'est plus taboue et doit être examinée».

Le personnel navigant est en effet nettement mieux rémunéré chez Swissair que chez son homologue régional. L'écart est particulièrement marqué pour les pilotes, malgré le relèvement salarial obtenu de haute lutte l'an passé chez Crossair.

Chez Swissair, un pilote débutant gagne 80 000 francs brut par an (primes non comprises). Chez Crossair, le salaire démarre à 56 000 francs brut. Et le fossé ne cesse de se creuser en cours de carrière.

Après 15 ans, un commandant de bord sera rémunéré quelque 200 000 francs chez Swissair, alors que chez Crossair, il peut espérer au maximum 135 000 francs par an au bout de 20 ans de bons et loyaux services.

CCT remise en cause?

La différence est aussi patente pour le personnel de cabine. Un «flight attendant» démarrera à 3450 francs brut par mois et finira à plus de 7700 francs chez Swissair. Chez Crossair, cette même fourchette se situe entre 3400 et 4700 francs.

Cette comparaison salariale fait bondir Reto Nause, directeur du syndicat Aeropers. «Il faut comparer Swissair avec des compagnies comparables comme Lufthansa, KLM ou British Airways, pas avec une compagnie régionale», proteste-t-il. «Les salaires des pilotes de Swissair se situent dans la moyenne européenne.»

Les pilotes de Swissair ont certes déjà fait des concessions salariales. Selon l'accord signé en mars avec Mario Corti, ils ont accepté de réduire leurs salaires de 5% durant deux ans. En échange de quoi, leur convention collective de travail (CCT) a été prolongée jusqu'en 2005.

L'accord fait des jaloux. Les représentants du Syndicat suisse des services publics, section Transport aérien, qui défendent le personnel au sol, ont laissé éclater leur mauvaise humeur à l'annonce de la mesure. Ils estiment que les pilotes de Swissair ont une fois de plus tiré leur épingle du jeu face aux autres employés en s'assurant de facto la sécurité de l'emploi.

Pour l'heure, Aeropers s'attend à ce que cette CCT soit respectée. «Le personnel de cockpit dispose actuellement d'une convention collective valable. Ce contrat inclut aussi la paix du travail», ont déclaré les représentants d'Aeropers, sous-entendant la possibilité de recourir à d'autres mesures au cas où la CCT ne serait plus respectée.

swissinfo avec les agences

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