Les attentats au cœur d'un débat passionné sur l'ONU
Sans surprise, le Conseil national a approuvé mercredi par 153 voix contre 42 l'initiative populaire pour une adhésion de la Suisse à l'ONU. Après un débat passionné. Les attentats aux Etats-Unis ont dopé les discussions, mais sur le fond, rien n'a changé. Seule l'UDC s'y est opposée.
«Les événements tragiques de ces derniers jours montrent que tout Etat est devenu vulnérable, et que, face à des menaces terroristes, seule une très grande solidarité internationale constitue une réponse possible.»
Chef du groupe démocrate-chrétien, le Genevois Jean-Philippe Maitre a défendu, mardi au Conseil national, l'adhésion de la Suisse à l'ONU. Et comme d'autres parlementaires, les attentats du 11 septembre n'ont fait que le conforter dans ses positions.
Un débat sur la neutralité
«Ces événements montrent que les solutions militaires ne mènent à rien, avance ainsi la socialiste Valérie Garbani. Il faut renforcer le rôle de l'ONU face à l'OTAN, c'est à dire de la politique face à un esprit militariste et guerrier.»
Parmi les partis gouvernementaux, seule l'UDC (à l'exception de trois femmes) reste opposée à cette adhésion. Ses membres exploitent l'actualité récente pour réaffirmer leurs arguments.
«Nous voyons l'importance d'une neutralité vraiment crédible, souligne l'UDC zurichois Hans Fehr. Si la Suisse n'est pas impliquée dans les conflits internationaux, elle ne sera pas le but d'attaques terroristes.»
Ce mardi, l'UDC a même présenté un contre-projet visant à inscrire dans la constitution que la Suisse conserve sa neutralité et n'adhère pas à l'ONU.
Ce à quoi les autres partis gouvernementaux rétorquent que la Suisse, à l'image d'autres Etats neutres, peut garder sa spécificité au sein de l'ONU.
D'anciens opposants ont changé d'avis
L'examen de l'initiative populaire «pour l'adhésion de la Suisse à l'organisation des Nations unies» se poursuit mercredi. Les jeux semblent déjà faits: à l'instar du Conseil des Etats en juin dernier, le Conseil national va très certainement se prononcer en faveur de l'adhésion.
Car même des anciens opposants à l'ONU ont changé d'avis. A l'image de Claude Frey: «en 1986, nous étions dans un monde bipolaire, et nous pouvions offrir nos bons offices, argumente le radical neuchâtelois. Aujourd'hui, dans un monde globalisé, nous devons être à l'intérieur de l'ONU. Pour convaincre les autres membres et nous battre.»
Reste à savoir si ces arguments convaincront le peuple. Celui-ci avait largement (par une majorité de 75,7%) refusé d'adhérer à l'ONU en 1986.
La situation internationale persuadera-t-elle les électeurs de la nécessité d'une coopération internationale? Les poussera-t-elle au contraire au repli? Les parlementaires ne sont pas d'accord sur ces questions. Autre interrogation: peu entendue ces derniers jours, l'ONU n'a-t-elle pas démontré son inutilité?
Votation en mars 2002
Le Conseil national, lui, s'est prononcé mercredi. Pas de surprise. Après le Conseil des Etats, il a approuvé par 153 voix contre 42 l'initiative populaire pour une adhésion de la Suisse à l'ONU.
Comme prévu également, l'UDC a plaidé contre l'initiative. Son contre-projet, visant à préciser dans la constitution que la Suisse conserve sa neutralité et n'adhère pas à l'ONU en tant que membre à part entière, a été rejeté par 151 voix contre 44.
La proposition des groupes radical, démocrate-chrétien et socialiste de mentionner les deux articles de la constitution relatifs à la neutralité dans l'arrêt soumis à votation a été acceptée par 154 voix sans opposition, mais 40 abstentions.
Peuple et cantons seront vraisemblablement appelés à se prononcer en mars 2002.
Caroline Zuercher

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