Les armaillis ont gagné leur indépendance
La Coopérative fribourgeoise des producteurs de fromage d'alpage a mis à profit les 200 000 francs qui lui ont été versés par l'Aide Suisse aux Montagnards. Les armaillis gruériens ont ainsi pu développer leur propre filière de promotion et de vente de fromage artisanal.
Entre les tout derniers fabricants de gruyère d'alpage et les marchands de fromage, le torchon brûlait depuis longtemps. Au point que, l'an dernier, les négociations sur les prix se sont soldées par un échec.
«Les marchands cherchaient, une nouvelle fois, à baisser les prix, rappelle André Rémy, président de la Coopérative fribourgeoise des producteurs de fromage d'alpage. Une tentative d'autant plus inadmissible que ces diminutions de prix ne profitent généralement pas aux consommateurs.»
Une sacrée aventure
Les armaillis ont donc décidé de ne pas céder aux marchands. Leur coopérative a opté pour l'indépendance. Elle contrôle désormais toutes les étapes du gruyère d'alpage, de la fabrication à la commercialisation en passant par l'affinage. «On s'est lancé dans une sacrée aventure, se souvient André Remy. Il a fallu créer un concept commercial et élaborer les bases de la promotion de notre fromage.»
La coopérative fribourgeoise s'est donc dotée d'une marque et d'un logo permettant d'identifier sa production. Elle a également investi dans l'achat et la location de caves d'affinage. «Pour pouvoir échapper à la tutelle des acheteurs, souligne André Remy, nous avons dû assumer tous les risques.» Mais le résultat semble plutôt encourageant.
«La qualité du fromage d'alpage fribourgeois est optimale, lance fièrement André Remy. Et nous sommes en mesure de garantir le prix payé au producteur. Qui reçoit, aujourd'hui, une moyenne de 10 francs par kilogramme alors que les marchands, eux, voulaient descendre à 8,50 francs.»
Le coup de pouce de l'Aide Suisse aux Montagnards
Mais l'indépendance à un prix: Pour parvenir à ses fins, la coopérative a dû investir un million deux cent mille francs. «Une somme difficile à réunir sans le soutien de l'Aide Suisse aux Montagnards (ASM), avoue André Remy.
La fondation, elle, souligne que le projet fribourgeois présentait tous les atouts pour la séduire. «Le plan était viable et bien ficelé, estime Marcel Peier, directeur de l'ASM. Et il correspondait parfaitement à l'objectif que nous nous fixons depuis bientôt 60 ans. A savoir, lutter contre le dépeuplement des régions de montagne».
Un rempart contre la mondialisation
«Les armaillis ont mis leurs forces en commun et pris leur destin en main, renchérit Willy Streckeisen, expert de l'ASM. C'est la preuve qu'il est possible d'ériger des remparts efficaces contre une certaine idée de la mondialisation et du capitalisme qui en découle.»
Une aventure d'autant plus sympathique que les montagnes fribourgeoises ne comptent aujourd'hui plus qu'une poignée de producteurs de gruyère d'alpage. Des armaillis qui travaillent dur pour l'économie touristique helvétique et pour une certaine image de la Suisse.
Vanda Janka

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