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Les Alpes en long et en large, magnifiquement

Quand la fiction rencontre la réalité: Georges Lautner, parrain du festival, et Patrick Berhault. swissinfo.ch

Evénement mardi soir aux Diablerets: l'alpiniste français Patrick Berhault présentait «La Grande Cordée» dans le cadre du 32e Festival international du film alpin. Incroyable odyssée à travers les Alpes, effort et rire conjugués.

Ce contenu a été publié le 26 septembre 2001 minutes

Le voyage a commencé le 26 août 2000, en Slovénie. Il s'est conclu le 9 février 2001 face à la Méditerranée, sur une plage de Menton.

Entre ces deux dates, Patrick Berhault, 44 ans, a longé et traversé tout l'arc alpin, de la Slovénie à la France en passant par l'Italie et la Suisse, et escaladé 22 parois célèbres - dont la «trilogie mythique» Eiger, Cervin, Grandes Jorasses, avec un goût certain pour les faces nord. Ses outils? Ses jambes, parfois des skis, et, pour un tronçon, le VTT.

Un projet un peu fou, pour le plaisir de l'excès et du record? Pas du tout, comme le grimpeur l'explique: «Ce projet est né de l'amour profond que j'ai pour la montagne. De ce fait, je la fréquente depuis 31 ans, et autour de cette fréquentation s'est créée une certaine culture géographique et historique».

«Cette culture est source de créativité. L'arc alpin, c'était une évidence, il se dessine bien individuellement, c'est une superbe ligne. Et, passionné par l'histoire de l'alpinisme, j'avais envie de vivre de près les aventures des pionniers de l'alpinisme de difficulté».

Un film par hasard

Le film n'était pas prévu à l'origine. C'est Gilles Chappaz qui a poussé Patrick Berhault et ses compagnons à ramener des images, grâce à une petite caméra numérique prêtée par un ami réalisateur. Des images qui ont été de temps en temps complétées par des professionnels, depuis des cabanes d'altitude ou en hélicoptère.

«On s'est pris au jeu, on y trouvait un réel plaisir. Mais aucun plan n'a été rejoué, ou retourné. C'est du live live!», s'enthousiasme Berhault. Le film ayant été tourné de façon discontinue (solitude momentanée, pannes techniques), c'est le récit que fait le grimpeur à sa fille de onze ans, tous deux perchés sur la via ferrata de Grenoble, qui sert de fil rouge.

Grande Cordée à géométrie variable

Berhault a donc marché et grimpé parfois seul, parfois à deux, parfois à plus: «Plus j'avançais, plus ce voyage était connu, plus les gens y apportaient de l'enthousiasme et de l'aide. Au pied de l'avant-dernière paroi, on s'est retrouvé à neuf! Et dans les vallées, je retrouvais des amis, des restaurateurs... La 'Grande Cordée', ce n'est un titre donné au hasard».

Sueur, efforts, danger, risques indéniables... Et pourtant, avec ses divers compagnons, l'ambiance semble être à la rigolade permanente: on est à mille lieues de l'atmosphère lourde et tendue des films d'exploits: «Je suis comme ça, j'ai tendance à prendre les choses simplement. Je me concentre sur ce que je fais et j'y mets du professionnalisme, mais je ne prends pas au sérieux. Et quand on est comme ça, les gens qu'on rencontre et avec lesquels on a des affinités sont la même chose. C'était le cas de mes compagnons de cordée».

Outre le film signé Gilles Chappaz, deux livres paraîtront prochainement chez Glénat sur l'aventure de la Grande Cordée. Un album de photos, et le journal de Patrick Berhault, complété, étoffé, sous le titre de «En cordée, mais libre».

Un livre qui ne sera sans doute pas uniquement le récit d'un exploit sportif: «L'escalade, ou la montagne, c'est avant tout l'adaptation de la nature humaine à la nature que l'on rencontre, dans l'écoute, l'apprentissage et le respect. Bien avant un discours sur la performance, la difficulté ou je ne sais quoi, le message profond de l'escalade ou l'alpinisme, à mon sens, c'est ça», conclut Patrick Berhault.

Bernard Léchot

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