C'est sur le site olympique de Sestrières que la skieuse appenzelloise a décidé d'annoncer mardi une décision devenue incontournable: son retrait de la compétition.

Après avoir brillé de mille feux sur la Coupe du Monde, Sonja Nef aura connu une fin de carrière difficile avec des résultats pour le moins décevants.

A la «Maison suisse» de Sestrières, Sonja Nef a laissé parler son coeur et aussi perler ses larmes lors d'une conférence de presse émotionnellement chargée mardi après-midi.

Touchée dans sa chair (inflammation à une hanche) et moralement au fond du gouffre, l'Appenzelloise de 33 ans a décidé d'arrêter les frais, après avoir sans doute effectué, non pas la, mais les deux saisons de trop.

«Oui, sportivement parlant, il est évident que j'aurais dû me retirer en 2003, admet-elle. Mais mentalement, je n'étais pas prête à effectuer cette démarche. J'étais tellement attachée à cette famille du ski qu'il m'était impossible, avant cette année, de tout laisser tomber».

Complètement larguée depuis la faillite collective des Suissesses, l'hiver passé, la meilleure technicienne helvétique de ces dix dernières années avait longtemps été l'arbre qui cachait la forêt décimée de l'Helvétie des disciplines techniques.

Une glorieuse page qui se tourne

Questionnée sur l'avenir de l'équipe alors que pour la première fois dans l'histoire des Jeux aucune Suissesse ne sera au départ du slalom olympique, Sonja se veut confiante: «Lorsque Vreni Schneider a rangé ses skis, on a tenu les mêmes discours qu'aujourd'hui. Mais tout porte à penser qu'il y aura d'autres filles qui réussiront après moi».

Lauréate de 15 épreuves de Coupe du Monde, elle avait commencé sa carrière dans l'élite à l'occasion du géant de Vemdalen (Suède) en 1993. La future championne avait alors terminé 22e, marquant au passage ses premiers points.

Technicienne hors pair, l'Appenzelloise a écrit les belles pages de son palmarès en 2001 et 2002, lorsqu'elle avait enlevé les globes de cristal du géant.

Elle a connu la consécration en 2001 à Sankt-Anton, lorsqu'elle a décroché le titre mondial dans la spécialité. Toujours dans sa discipline favorite, elle a également hérité du bronze olympique, en 2002 à Salt Lake City, sauvant ainsi la nation de l'infâmie.

Quand la poisse s'en mêle

Mais avant cela, Sonja avait mangé son pain noir. Victime d'une terrible chute à 16 ans, lors d'un Super-G, elle avait été jugée perdue pour le sport de compétition par les praticiens qui s'étaient chargés de la remettre sur pied.

Non contente de déjouer ces funestes pronostics, elle avait alors entrepris son ascension vers les estrades mondiales. Habituée aux honneurs, elle avait perdu la face à la Sierra Nevada en 1996. En tête du géant après la première manche, elle avait chuté en finale. Infatigable travailleuse, elle allait prendre sa revanche en 2001, sur la neige autrichienne.

Une fin de carrière déprimante

Après une glorieuse période d'accalmie, le mauvais sort a décidé de revenir à la charge dans la vie de Sonja. Ainsi, en février 2003, une nouvelle blessure à un genou - la septième depuis 1989 ! - a amorcé son déclin.

Tiraillée par l'idée de ranger ses lattes tandis qu'elle était déjà sur la pente descendante, elle a finalement décidé de serrer les dents et de rempiler pour deux exercices supplémentaires.

Sonja, qui n'est jamais parvenue à adapter sa technique aux skis courts, s'est alors retrouvée au fond du trou l'hiver dernier. Mentalement affaiblie et physiquement touchée, elle aura terminé son chemin de croix à Cortina d'Ampezzo, un dimanche de janvier, manquant l'objectif Turin.

Profiter de la vie

«Dans un premier temps, je vais profiter de la vie. Rien que ça», déclare-t-elle aujourd'hui, comme soulagée. «J'ai déjà reçu plusieurs propositions pour mon avenir. Mais ce dont j'ai envie maintenant, c'est simplement de me laisser vivre. Me coucher et me lever à l'heure à laquelle je le souhaite».

swissinfo et les agences

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