Le Tessin de Hermann Hesse
Hermann Hesse a vécu quarante années au Tessin et consacré de nombreux écrits à cette région qui était devenue sienne. Les Editions Metropolis nous permettent d´en découvrir certains pour la première fois en version française.
«Tessin» s'ouvre par un texte de 1931, dans lequel Hermann Hesse évoque son départ définitif pour le Tessin. En 1919, l'écrivain allemand (il ne sera naturalisé suisse que quatre ans plus tard) quitte sa villa bernoise pour s'installer dans le sud. Et la rupture est profonde.
Car il laisse derrière lui sa femme (internée dans un hôpital psychiatrique zurichois, ses enfants (placés chez des amis ou en internat) et sa maison «bourgeoise», à laquelle il va préférer un appartement, loué, dans une vieille maison du village de Montagnola, dans la région de Lugano.
Ce n'est pas la première fois qu'il voit le Tessin. Le sud helvétique, il l'a rencontré en 1905 déjà, et a été immédiatement saisi par la profusion de sa nature, les contrastes de ses paysages, dialogue permanent de l'eau, de la végétation et des cimes.
«Je ne sais pas si tu connais la nature du sud du Tessin, écrit-il dans une lettre datée de 1916. Elle est d'une beauté et d'une richesse merveilleuse, tout est là, depuis le paysage alpin jusqu'au midi le plus prononcé, et rien n'est nulle part douceâtre ni alangui, tout est au contraire plein de force et souvent d'âpreté...»
Dès 1919, Hermann Hesse s'attache donc définitivement au Tessin. Dans l'appartement de Montagnola pendant douze ans, puis, un peu plus haut sur la colline, dans une maison construite à son intention par un mécène... C'est donc au Tessin que Hesse passera la plus grande partie de sa vie, là qu'il se remariera par deux fois, là qu'il écrira la plus grande partie de son œuvre, là qu'il mourra, en 1962.
En 28 textes - récits, poèmes, fictions - accompagnés de 16 aquarelles, se dessine le Tessin de Hermann Hesse, et, surtout, la passion que l'écrivain vouait à la région qu'il avait élue. Une région faite de terre et d'eau, mais aussi d'hommes et de femmes. Car à la différence de l'exilé Dürrenmatt, perché sur son rocher neuchâtelois, Hesse s'intéressait aux indigènes. Non sans humour, Hermann Hesse s'inquiète d'ailleurs de la montée du tourisme, et de la défiguration programmée de certains coins...
Car ce qui semble l'attacher tout particulièrement au Tessin, c'est la notion de pérennité: «La table et le banc de pierre nue sous le laurier-cerise ou le buis, le pichet de vin rouge et la coupe de terre à l'ombre du châtaigner, le pain et le fromage de chèvre qui les accompagnent - à l'époque d'Horace, ces choses n'étaient pas différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui».
A noter que jusqu'au 4 mars, le Kunsthaus d'Apolda, en Allemagne, expose 270 aquarelles, dessins et manuscrits illustrés de Hermann Hesse.
Bernard Léchot
«Tessin» de Hermann Hesse, aux Editions Metropolis (Genève). Traduit de l'allemand par Jacques Duvernet. Edition et postface de Volker Michels.

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