Le suicide ou la vie?
«NoSuicide», tel est le titre d'un album de bande dessinée qui vient de paraître, et qui réunit plusieurs signatures prestigieuses du 9e Art. Un ouvrage qui a été primé jeudi soir au Festival d'Angoulême.
«NoSuicide», tel est le titre d'un album de bande dessinée qui vient de paraître, et qui réunit plusieurs signatures prestigieuses du 9e Art. Un ouvrage qui a été primé jeudi soir au Festival d'Angoulême.
La couverture (photo) est signée Enki Bilal... Et au fil des pages, Vuillemin, pilier de «L'Echo des Savanes», accumule des dessins aussi brefs que brutaux, mais sonnant terriblement justes. Contraste avec Loustal, dont les planches, sobres et esthétiques, progressent tout en douceur.
«NoSuicide» est né de l'initiative lancée par la fondation «Children Action», basée à Genève, et présidée par Bernard Fabrier, patron d'une banque privée. Pourquoi une telle action? A cause de la force des chiffres, déjà: en Suisse, le suicide est la première cause de mortalité chez les 15 à 25 ans. Chaque année, ce sont 3 à 5 pour cent des 15 à 19 ans qui tentent de se donner la mort. Et derrière les chiffres, il y a bien sûr les individus, leur mal-être, et la difficulté à le communiquer.
Cela fait déjà plusieurs années que «Children Action» s'est penché sur le sujet. Ainsi, en 96, la fondation a participé à la création d'une «Unité pour adolescents suicidants», qu'elle continue de soutenir. Les jeunes qui ont tenté un suicide y trouvent un suivi psychologique. Et ceux qui y pensent peuvent se raccrocher à une «ligne ouverte», comme on dit «main tendue»...
Pour le livre «NoSuicide», «Children Action» a fait appel aux conseils d'un spécialiste: Roland Margueron, qui tient la galerie-librairie «Papiers Gras», à Genève. Ce passionné de BD a ouvert son agenda et battu le rappel auprès de ses amis bédéastes. Bilal, Vuillemin, Loustal, mais aussi des artistes locaux, à l'originalité incontestable, ont répondu présent. Ainsi Tom Tirabosco nous raconte l'histoire d'un petit canard de bois, dépressif parce que l'enfant dont il était le jouet le délaisse au profit d'un quelconque «Destruktor» de plastique... Et Wazem, de son coup de crayon aérien, joue la carte de la nostalgie en noir et blanc.
«NoSuicide» n'est jamais bêtement moral. Ou alors, c'est une morale qui tient en quelques mots, paradoxaux en apparence: si tu meurs, tu vas regretter la vie. Un message simple et clair. Tellement clair qu'il vient de recevoir le «Prix communication» du Festival d'Angoulême, en France.
Bernard Léchot
«NoSuicide», distribution Dargaud

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