Le prix à payer pour les banques suisses
Une dizaine d'années après la fin de l'apartheid, les victimes attendent une réparation financière. Les banques suisses affichent leur sérénité.
Ils sont plus de 21'000 Sud-africains à avoir témoigné devant la Commission Vérité et Réconciliation pour violation orchestrée des droits de l'homme durant l'apartheid. Ces victimes attendent aujourd'hui une compensation financière.
Et comme le gouvernement sud-africain a plus ou moins clos le chapitre, on cherche aujourd'hui les responsabilités internationales. Les sociétés, par exemple, qui ont joué un certain rôle en continuant à soutenir le régime blanc de Pretoria.
La Suisse à la rescousse d'un régime étouffé
Les ONG travaillent donc depuis plusieurs années sur le rôle des banques suisses installées à Johannesburg depuis les années 60. En 1970, les trois-quarts de la production d'or sud-africain sont acheminés vers Zurich, et ce malgré l'opposition croissante au système de l'apartheid.
Mais c'est dans les années 80 que la Suisse vient à la rescousse d'un régime étouffé par les sanctions en leur accordant plusieurs prêts bancaires.
On se souvient du président Botha, annonçant en 1984 que Pretoria s'était fait bien des amis à Berne Une bouffée d'oxygène que les activistes aujourd'hui condamnent, en se repassant les images de l'époque - Etat d'urgence, émeutes dans les townships - convaincu qu'il faudra réclamer un jour ou l'autre un peu d'argent à la communauté internationale.
Un débat donc qui n'est pas nouveau mais qui risque de resurgir si une plainte formelle est déposée. Et au-delà des menaces de l'avocat américain Ed Fagan, l'association sud-africaine Jubilée 2000 compte aussi porter plainte au nom de diverses ONG. Une réunion est prévue le 10 novembre pour décider formellement de la procédure à adopter.
Reste à savoir comment le gouvernement sud africain réagira. Pretoria n'a pour l'instant jamais montré personne du doigt.
«Rien d'autre que des rumeurs»
De leur côté, les grandes banques suisses restent sereines face à d'éventuelles plaintes concernant leurs activités en Afrique du Sud du temps de l'Apartheid. Le Credit Suisse et l'UBS se disent attentives, mais relèvent qu'il n'existe à ce stade rien d'autre que des rumeurs.
«Cela fait trois ans que des bruits courent sur ces plaintes. Il ne s'est jamais rien passé et il n'y a rien de nouveau», a indiqué vendredi à l'ats Ulrich Pfister, porte-parole du Credit Suisse. Il a ajouté que la banque est «déjà préparée», sans autres précisions, et qu'elle n'a pas besoin d'une task force.
Caroline Dumay, Pretoria

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