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Le président Leuenberger veut promouvoir une Suisse ouverte au monde

"J'attache assez peu d'importance à la promotion de l'image. Je pense qu'il faut se concentrer davantage sur le contenu." Keystone

Moritz Leuenberger a accédé ce 1er janvier à la présidence tournante de la Confédération. Avec ses homologues étrangers, il mettra l'accent sur une Suisse solidaire avec l'Europe et le reste du monde. Interview.

Ce contenu a été publié le 01 janvier 2001 minutes

swissinfo: Après l'affaire des fonds juifs, croyez-vous que la Suisse doive encore soigner son image à l'étranger?

M. L.: J'attache assez peu d'importance à la promotion de l'image. Je pense qu'il faut se concentrer davantage sur le contenu. Nous voulons une Suisse qui soit solidaire avec l'Europe et avec le reste du monde, notamment les pays en voie de développement. Nous voulons une Suisse qui ne soit pas utilisée pour blanchir l'argent sale ou pour se livrer à d'autres opérations de fraude.

La meilleure des images de marque, c'est le contenu. Je ne crois pas à ces campagnes d'image orchestrées par des agences de publicité chargées de polir une politique douteuse avec de belles déclarations. Nous devons tous nous attacher à mettre en œuvre une politique de solidarité qui rende toute campagne d'image superflue.

swissinfo: Est-ce là votre idéal de la Suisse? Est-ce cet idéal que vous représenterez en 2001?

M. L.: Je ne crois pas être le seul à avoir cet idéal. Je pense que c'est celui de la plupart des habitants de ce pays. Nous voulons une Suisse où les minorités, les groupes linguistiques et les différentes cultures puissent coexister. Nous voulons une Suisse ouverte sur l'extérieur, solidaire avec ses voisins, solidaire avec le reste du monde.

swissinfo: L'échec de l'initiative «Oui à l'Europe» est d'ores et déjà programmé. Au lendemain du vote, vous devrez donc faire tout un travail d'explication auprès de vos collègues européens.

M. L.: Ce travail, nous devons le faire dès maintenant, puisque nous avons recommandé au Parlement de rejeter l'initiative. Le «non» du Conseil fédéral à l'initiative ne change rien à l'objectif d'adhésion à l'Union européenne. Mais nous refusons simplement d'ouvrir immédiatement les négociations d'adhésion ainsi que l'exige l'initiative.

Le choix du moment doit en effet rester de la compétence du gouvernement. Les accords bilatéraux ne sont pas encore entrés en vigueur. Il nous semble donc logique de commencer par les appliquer et d'en tirer des enseignements. De plus, nous voulons dissocier très clairement la question de l'adhésion à l'UE de celle de l'adhésion à l'ONU qui est également très importante. Or, c'est d'abord sur cette adhésion que le peuple devra se prononcer.

Je compte donc sur la compréhension des pays de l'UE. Enfin, avec les perspectives d'élargissement, l'Europe est actuellement en pleine transformation. L'Europe que nous intégrons sera donc radicalement différente que celle que nous connaissons aujourd'hui. Au vu de tous ces éléments, il apparaît plus sage de différer les négociations d'adhésion à l'UE.

Enfin, par définition, l'intégration est un processus qui ne s'opère pas du jour au lendemain, a fortiori dans un système de démocratie directe. Nous devons donc prendre le temps qui est nécessaire.

swissinfo: Au cours des prochains mois, vous allez nouer de nombreux contacts au niveau international. Mais qu'en restera-t-il lorsque vous aurez quitté vos fonctions?

M. L.: Tout ne sera pas perdu. Je pourrai continuer d'entretenir ces relations en tant que chef de département. Même si nous changeons de président tous les ans, notre système n'est pas instable pour autant, au contraire.

Après cinq années consécutives au Conseil fédéral, je suis même un exemple de longévité comparé à mes collègues ministres des Transports. Je me demande d'ailleurs s'il n'est pas plus important d'avoir une certaine continuité au niveau des départements plutôt qu'au niveau de la présidence.

Mais c'est ainsi, notre système doit toujours être réexpliqué. Déjà par le seul fait que nous n'avons que sept conseillers fédéraux, plutôt que 15 ou 20 ministres comme dans d'autres pays qui connaissent d'autres systèmes politiques. Face à ces différences de culture politique, chacun doit faire preuve de compréhension. Et nous sommes, nous aussi, en droit d'attendre une telle compréhension.

swissinfo: Adolf Ogi, votre prédécesseur, avait l'habitude d'offrir des cristaux de Kandersteg à ses hôtes. Vous-même, quel genre de cadeaux allez-vous offrir aux grands de ce monde?

M. L.: Cela changera en fonction de la personnalité de mon hôte, de ses goûts, mais aussi du contexte de notre rencontre. Je veux pouvoir être spontané. Je n'ai pas réglé, dans le détail, le programme de mon année présidentielle, et encore moins la question des cadeaux. Heureusement, d'ailleurs!

Olivier Pauchard

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