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Le président de la Confédération pris à partie

Le président de la Confédération, venu en ami, s’est retrouvé sur le banc des accusés. Keystone

Moritz Leuenberger voulait faire un geste envers les ONG, présentes elles aussi à Davos, en marge du Forum économique mondial. Mais l'expulsion d'un conférencier a gâché la rencontre. Et le président de la Confédération a dû faire face aux critiques de ceux qui dénoncent l'attitude des forces de sécurité suisses.

Ce contenu a été publié le 26 janvier 2001 minutes

Ce devait être une visite symbolique. A quelques dizaines de mètres du Forum économique mondial, qui réunit dans la station grisonne l'élite planétaire du monde des affaires et de la politique, une coalition d'ONG organise une conférence destinée à offrir une critique au discours du Forum: c'est le «Public Eye On Davos».

En y faisant une courte apparition, ce vendredi, Moritz Leuenberger voulait souligner que, pour lui, les organisations non-gouvernementales ont bel et bien un rôle à jouer dans le débat sur globalisation. Mais il y avait de l'électricité dans l'air. Et certains participants ont rudement pris à partie le président de la Confédération.

Ce qui a mis le feu aux poudres, au sein du «Public Eye On Davos», c'est le cas d'un conférencier, membre d'une ONG, attendu à Davos, mais refoulé par la police, reconduit manu militari à la frontière et expulsé.

«Ce n'est pas une façon de traiter des citoyens du monde», a ainsi lancé une participante mexicaine à Moritz Leuenberger. «Cela pose même, peut-être, la question du respect des droits de l'homme par la Suisse» a renchéri l'un des responsables de la conférence, Tony Juniper, de «Friends of the Earth».

Le président de la Confédération, venu en ami, s'est ainsi soudain retrouvé sur le banc des accusés. «Nous voulons garantir la liberté d'expression et la liberté de réunion, également pour cette réunion alternative», a t-il répliqué, en rappelant les menaces de perturbation du Forum économique mondial, qui justifient les mesures policières de ces derniers jours.

Des mesures à propos desquelles Moritz Leuenberger n'a d'ailleurs pas voulu faire de commentaire. Si des personnes ont l'impression d'avoir subi une atteinte à leurs droits fondamentaux, elles ont, selon lui, la possibilité de simplement porter l'affaire devant les tribunaux.

Le président de la Confédération s'est donc livré à un exercice d'équilibriste, en voulant jeter un pont entre le Forum de Davos et ses critiques. Jeudi, lors de l'ouverture du grand rendez-vous annuel, il n'avait guère épargné les businessmen, en citant Karl Marx.

De même, il a fait remarquer aux participants de la conférence de «The Public Eye On Davos» que l'autorité morale des ONG n'était pas illimitée. Vous avez une légitimité, leur a t-il dit en substance, mais elle n'est pas supérieure à d'autre acteur, comme les politiques.

Pierre Gobet, Davos

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