Le passage des Alpes menacé d'engorgement
Deux des cinq principaux ouvrages permettant la traversée des Alpes sont désormais fermés. Et les tunnels restants sont déjà fortement sollicités.
Avec près de 19 000 véhicules par jours, dont 21% de camions, le tunnel du Gothard était l'un des passages majeurs du trafic entre l'Italie et le Nord de l'Europe. Une importance encore accentuée par la fermeture du tunnel du Mt-Blanc en mars 1999, même si l'essentiel du trafic passant par ce couloir s'est reporté sur le tunnel français du Fréjus.
Lourdes conséquences
Si l'on en croit Michel Egger, vice-directeur de l'Office fédéral des routes, les conséquences de l'accident de mercredi risquent d'être lourdes: «au vu des difficultés qu'il rencontrera, une partie importante du trafic ne se fera pas du tout et cette situation empirera avec l'arrivée de l'hiver».
Le tunnel du Gothard absorbait en effet 85% du trafic transalpin en Suisse. Un pays qui possède encore deux autres tunnels (le San Bernardino et le Simplon) et deux cols (le Gothard et le Saint-Bernard). Mais ces voies alternatives ne permettront pas d'absorber l'entier du trafic.
«Pour les poids lourds, le problème est encore plus grave, estime Michel Egger. D'autant que la plupart des chauffeurs n'ont pas l'habitude de la montagne.»
Le vice-directeur de l'Office fédéral des routes (organisme qui gère en Suisse les problèmes de trafic routier) assure néanmoins que tout sera entrepris pour permettre la meilleure circulation possible à travers les Alpes.
Les CFF mobilisés
Les Chemins de fer fédéraux (CFF) ont mis les bouchées doubles pour tenter d'atténuer les effets de la fermeture du Gothard. Une fermeture qui pourrait durer de deux à six mois, selon Michel Egger.
Jeudi, les CFF ont ainsi mis en service le transport des voitures entre Airolo au Tessin et Goeschenen dans le canton d'Uri, à raison de 70 véhicules par train et d'un convoi par heure. Et les capacités de ferroutage du tunnel du Lötschberg ont été augmentées.
Une offre accrue pour le transport des poids lourds a également été mise en place, via la chaussée roulante du Gothard. 200 camions supplémentaires par jour pourront ainsi être transportés.
Enfin, les trains directs en direction et en provenance du Tessin seront renforcés par des voitures supplémentaires.
Une hausse de 15% au Brenner
Reste qu'un report du trafic sur les autres tunnels européens est inévitable. En Autriche, le Brenner s'attend à une hausse de 15% de la circulation, alors qu'il accueille déjà le plus fort trafic de poids lourds dans les Alpes.
Selon Guy Willis, responsable de la communication de l'Union internationale des transports routiers, il faut donc que l'ensemble des pays concernés lèvent leurs mesures restrictives, comme l'interdiction de rouler le week-end pour les poids lourds.
Les organisations italiennes de transport routier demandent également que les restrictions imposées à la circulation des camions dans le tunnel du Brenner soient levées. Sinon, l'Italie risque une paralysie économique.
Guy Willis n'est pas loin de partager cet avis. Il estime que les industries qui travaillent avec des délais courts risquent d'être les premières pénalisées. A commencer par l'industrie automobile.
«L'industrie italienne est la plus menacée, confirme Guy Willis. Mais les compagnies européennes qui lui fournissent des pièces sont également concernées par ces problèmes de circulation.»
Frédéric Burnand

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