Le périlleux combat des humanitaires en Afghanistan
La Chaîne du Bonheur a récolté plus d'un million de francs pour l'Afghanistan. Mais l'insécurité qui règne sur place rend le travail des humanitaires difficile.
«Ici, la situation paraît calme. Mes retrouvailles avec les employés locaux ont été merveilleuses.» Marilynn Johnston, de MedAir, est arrivée dimanche à Kaboul.
Ces derniers mois, le personnel afghan a garanti la continuité de l'aide internationale en Afghanistan. Côté suisse, la Croix-Rouge, Caritas, l'Entraide protestante (EPER), Terre des Hommes, Médecins Sans Frontières et MedAir ont pu venir en aide à plus de 300 000 personnes (pour le détail de leurs actions, voir leurs sites Internet).
Mais les expatriés, évacués après les attentats de septembre, ne sont pas tous de retour. L'insécurité qui règne, en particulier dans les zones rurales, est montrée du doigt.
Soldats dangereux
«La situation n'avait pas été aussi dangereuse depuis longtemps, confirme Willy Lenherr, responsable de cette région à la Direction du développement et de la coopération (DDC). Il y a beaucoup de groupes d'anciens soldats qui errent et cherchent à manger.»
Un exemple: depuis le Pakistan, les travailleurs humanitaires ne peuvent plus utiliser les routes. Pour atteindre Kaboul, ils doivent utiliser l'avion. Ce transport, assuré par l'ONU, coûte trop cher pour certaines organisations.
Ces difficultés n'épargnent pas les plus grandes organisations. Cinq Suisses, engagés par le biais de la DDC dans des agences de l'ONU, sont bloqués aux frontières afghanes. Et ne peuvent rejoindre Herat, Mazar-i-Sharif ou Kandahar.
Quarante délégués du CICR
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), lui, a déjà envoyé une quarantaine de délégués sur place. Une vingtaine d'autres doivent arriver ces prochains jours. Idem pour la section suisse de la Croix-Rouge.
Tout dépend en fait de la zone de travail. Et les histoires varient selon les organisations. La section suisse de Médecins Sans Frontières, basée dans la zone qui a toujours été sous le contrôle de l'Alliance du Nord, n'a par exemple jamais été évacuée. Et l'équipe a pu avancer avec les troupes de l'Alliance du Nord.
Le travail est difficile pour tous. Les organisations humanitaires mènent une course contre la montre. Elles doivent amener de l'aide aux populations reculées. Dont certaines seront inaccessibles dans quelques semaines, en raison de la neige.
Routes détruites
Là encore, l'insécurité complique la situation. Mais pas seulement: certaines routes sont impraticables. Depuis vingt ans, le pays a concentré ses efforts financiers sur le conflit. Plutôt que sur le développement des infrastructures.
Les deux mois d'absence des expatriés ont ralenti le travail, et n'ont fait qu'aggraver la situation», explique Ernst Lueber, responsable du programme Afghanistan à la Croix-Rouge suisse.
En revanche, les problèmes humanitaires actuels sont le résultat des conflits de ces vingt dernières années, plus que de la récente intervention.
L'ONU s'attendait à un nouvel afflux de réfugiés en Iran et au Pakistan. Il a été moins important que celui redouté. Le nombre de personnes qui ont fui les bombardements en se déplaçant dans le pays n'est pas connu.
Reste que les organisations ont dû mettre sur pieds des programmes d'urgence. Notamment pour réparer les infrastructures détruites, ou pour aider les personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Caroline Zuercher

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