Le G-7 consulte la Suisse sur le terrorisme
La Suisse a participé ce week-end à l'assemblée du FMI et de la Banque Mondiale. Et pris part à une session informelle du G-7.
Des milliers de manifestants ont profité de l'assemblée de printemps du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale pour exprimer une nouvelle fois leur opposition à la mondialisation. Ils n'étaient pas les seuls à avoir fait le déplacement de Washington: les conseillers fédéraux Kaspar Villiger et Pascal Couchepin participaient, pour leur part, aux réunions officielles.
Par ailleurs, la Suisse a été invitée à prendre part, vendredi soir, à une session informelle du G-7. Thème abordé: le combat contre le financement du terrorisme. Sous la houlette du secrétaire américain au Trésor, Paul O'Neill, la Suisse et d'autres pays tels que la Chine, la Russie, le Pakistan, l'Arabie Saoudite et d'autres pays du Golfe Persique, ont fait le point sur le gel des avoirs des individus, des organisations caritatives et des banques islamiques soupçonnées de financer des mouvements terroristes.
«La législation helvétique est en avance par rapport à celle d'autres pays», a déclaré à swissinfo le président de la Confédération, à l'issue de cette réunion. Et Kaspar Villiger de rappeler que «quelques dizaines de comptes bancaires demeurent bloquées en Suisse». En revanche, toujours selon Kaspar Villiger il n'est «pas possible de contrôler toutes les transactions». D'où l'importance «cruciale de partager les informations entre les divers pays».
Pascal Couchepin à la Banque Mondiale
Pascal Couchepin, lui, s'est exprimé dimanche à la tribune de la Banque Mondiale. Il s'est félicité du fait que le FMI et la Banque Mondiale ont renforcé la lutte contre le blanchiment d'argent sale et contre le financement du terrorisme.
Avec un bémol, cependant: le ministre de l'Economie estime que les deux organisations devraient se contenter de fournir une assistance technique. Et «laisser l'application des normes à d'autres institutions».
En outre, Pascal Couchepin a affirmé que la Banque Mondiale est «sur la bonne voie» quand elle exige, d'elle-même et des pays emprunteurs, une plus grande efficacité dans la gestion de l'aide au développement. Le conseiller fédéral a cependant proposé que la Banque Mondiale travaille avec des entités non étatiques lorsque, dans certains pays, «l'engagement public aux réformes est faible».
«J'encourage très fortement la Banque à élaborer une nouvelle approche pour certains pays pauvres, une approche fondée sur une collaboration plus étroite avec le secteur privé, en particulier les organisations non gouvernementales et les entreprises», a-t-il déclaré. Pascal Couchepin a même souligné que, dans certains cas, «il se peut qu'il soit nécessaire d'établir des structures parallèles» aux gouvernements en place.
Priorité à l'éducation
Le conseiller fédéral a également demandé à la Banque Mondiale de prêter une attention toute particulière à l'éducation dans les pays en développement. A cet égard, le ministre souhaite que la Banque ne se borne pas à soutenir l'enseignement primaire. Selon lui, elle doit au contraire élaborer «une stratégie globale qui prend en compte toutes les formes d'éducation et de formation». Et cela sans oublier les groupes marginalisés, comme les femmes et les peuples indigènes.
Pascal Couchepin s'est encore dit «préoccupé» par les lenteurs du programme de réduction de l'endettement destiné aux pays les plus pauvres. La Suisse a déjà versé 70 millions de francs à ce fonds spécial depuis sa création au milieu des années 90. Mais le conseiller fédéral déplore la mauvaise volonté de certains pays bailleurs de fonds.
Un propos qui aura certainement plu aux manifestants qui défilaient dans les rues de Washington. Ils critiquaient, pêle-mêle, la politique de George Bush en Colombie, le conflit en Afghanistan, le projet d'élargissement de la guerre contre le terrorisme à l'Irak et le gouvernement d'Ariel Sharon. Cette année, les contestataires n'ont cependant pas réussi à perturber les réunions des grands argentiers. La police avait en effet bouclé le quartier du FMI et de la Banque Mondiale.
swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington

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