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Le destin exceptionnel d'un Suisse atypique

August Lindt a préféré le non-conformisme à une carrière de banquier ou d'avocat. Keystone Archive

Un nouveau livre retrace la carrière impressionnante d'August Lindt, militant anti-nazi et Haut-commissaire des Nations-Unies aux réfugiés.

Ce contenu a été publié le 01 décembre 2002 minutes

Raconter la vie d'August Lindt, c'est raconter le 20e siècle. Les éditeurs ne s'y sont pas trompés.

L'ouvrage contient plusieurs textes sur la personnalité d'August Lindt - un être passionnant mais pas toujours facile à vivre. D'autre part, plusieurs des 44 souvenirs, documents et témoignages publiés sont des chapitres d'histoire contemporaine.

Evoquer la vie d'August Lindt - mort en 2000 à l'âge de 95 ans -, c'est donc aussi brosser le portrait d'un Suisse atypique, visionnaire et non-conformiste, «féroce envers les corrompus et les corrupteurs», pour reprendre la belle expression utilisée le 19 avril 2000 par la conseillère fédérale Ruth Dreifuss, lors de la cérémonie funèbre en l'honneur d'August Lindt.

L'apport le plus intéressant du livre est sans doute sa manière de montrer comment un diplomate suisse peut, s'il a le courage et l'énergie d'un August Lindt - et en dépit (ou...à cause) de la réputation de neutralité de la Suisse - réaliser de grandes choses et aider par là et son pays et le monde.

Le goût de l'aventure

Né en 1905 dans un milieu grand-bourgeois de la ville de Berne (les fameux Lindt, chocolatiers), August Lindt aurait très bien pu devenir banquier, avocat ou chef d'entreprise.

Mais, très vite, il rompt avec la routine et la vie tranquille qui lui semble assurée. A peine son doctorat en droit en poche, il devient grand reporter et parcourt le monde pour des journaux suisses, allemands et britanniques.

Mais, en 1940, il est mobilisé et il revient en Suisse. Survient alors l'événement qui va transformer sa vie.

Patriote

Le 25 juin 1940, la France vient de capituler et le président de la Confédération suisse Marcel Pilet-Golaz prononce son fameux discours, bienveillant envers les nazis.

August Lindt est bouleversé. Il prend contact avec un ancien camarade d'école, qui travaille dans le service de contre-espionnage de l'armée, et il va jouer dès lors et jusqu'à la fin de la guerre un rôle essentiel dans l'organisation de la résistance suisse au nazisme.

Il fera notamment partie de la fameuse «conjuration de Lucerne», pacte conclu entre une trentaine d'officiers prêts à «la résistance armée» pour le cas où le gouvernement suisse se montrerait trop favorable à l'Allemagne.

Diplomate

Après la guerre, Lindt entre au service diplomatique suisse. C'est le début d'une carrière fulgurante qui débouche sur son élection par les Nations-Unies en 1956 comme Haut-Commissaire aux Réfugiés.

Lindt doit notamment s'occuper des dizaines de milliers de personnes qui fuient la Hongrie - envahie par l'URSS - et l'Algérie - dévastée par la guerre. Le nouveau livre sur August Lindt donne à cet égard d'intéressants aperçus sur l'audace politique, l'originalité et l'énergie dont Lindt fera preuve dans l'exercice de ses fonctions.

Mais la Suisse n'a fait que «prêter» Lindt aux Nations-Unies et, en 1960, elle le nomme ambassadeur à Washington. C'est le début de la présidence Kennedy et, pendant la fameuse crise de Cuba, en 1962, Lindt jouera un rôle important d'entremetteur entre la Maison-Blanche et Fidel Castro.

Tiers-mondiste

Peu après, Lindt est rappelé à Berne où il est nommé chef du Service suisse de la coopération technique. Commence alors une longue période tiers-mondiste, une sorte de quatrième carrière.

Qui verra Lindt - après un intermède comme ambassadeur à Moscou - devenir Haut-Commissaire du HCR pendant la guerre du Nigeria, ambassadeur à Delhi, conseiller personnel à la présidence du Rwanda (avant les génocides) et... ardent militant anti-apartheid.

swissinfo/Michel Walter

En bref

August R. Lindt, 'Patriot und Weltbürger', R.Wilhelm, P. Gygi, E. Iseli, D. Vogelsanger
Berne, Editions Paul Haupt, novembre 2002

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