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Le combat de l'ombre de Barbara Ekwall

Barbara Ekwall retiendra avant tout «le courage et la dignité» des victimes rencontrées. Keystone Archive

Secrétaire générale du Fonds pour les victimes de l'Holocauste, Barbara Ekwall revient sur cinq années de travail. Avec une grande humanité.

Ce contenu a été publié le 02 mai 2002 minutes

«Quand on résout des problèmes, on ne fait pas de bruit.» Barbara Ekwall-Uebelhart l'admet sans ambages: son travail, et celui de ses collègues, s'est effectué dans l'ombre.

En fait, leur action a surtout été reconnue à l'étranger. Et en particulier, évidemment, par les quelque 300 000 bénéficiaires des dons attribués. Mais aujourd'hui, avec la parution de son rapport final, le Fonds présente des résultats visibles. Et Barbara Ekwall espère bien qu'ils auront «un certain rayonnement», en Suisse également.

En pleine crise des fonds en déshérence

Cette quadragénaire est entrée dans cette entreprise humanitaire le plus simplement du monde, en répondant à une offre d'emploi. C'était en 1997, en pleine crise des fonds en déshérence.

En mars de cette année, le Conseil fédéral a décidé de créer «le Fonds suisse en faveur des victimes de l'Holocauste dans le besoin». Financé par des entreprises suisses et par la Banque nationale, cette institution devait distribuer quelque 300 millions de francs à des survivants de la Shoah.

Barbara Ekwall, elle, n'en était pas à sa première aventure. D'origine suisse, elle a grandi au Brésil. Puis épousé un diplomate suédois qu'elle a suivi à Moscou, Paris, Hanoi et Genève. Un temps libre utilisé pour passer une licence en lettres et pour suivre, par correspondance, des cours d'économie et de sciences sociales. Une formation encore complétée par un diplôme post grade en études européennes.

Plutôt réservée, cette polyglotte a effectué, avec toute son équipe, un travail de fourmis. Il a fallu sélectionner les bénéficiaires de l'argent mis à disposition par la Suisse. Puis distribuer cette somme, et s'assurer que les chèques étaient arrivés à destination...

Un travail à inventer

«Nous étions vraiment face à une page blanche, se souvient la secrétaire générale. Au début, nous ne connaissions pas le nombre de bénéficiaires potentiels. Et nous n'avions pas de critères fixes pour les définir. Tout était nouveau, et nous prenions un véritable risque.»

Côté suisse, les travaux de la Commission Bergier et l'accord de New York sur les fonds en déshérence ont fait de l'ombre au Fonds pour les victimes de l'Holocauste. Barbara Ekwall l'avoue: elle s'est parfois sentie seule.

Le Fonds a trouvé ses plus grands soutiens à l'étranger. En particulier, auprès des ambassades et des organisations de victimes de l'Holocauste. C'est donc tout à fait logiquement que «le sentiment de réussite est partagé dans le monde entier».

Le 31 juillet prochain, Barbara Ekwall et ses collègues fermeront définitivement la porte de leur bureau. La secrétaire générale continuera à travailler dans le domaine humanitaire, au sein de la Direction du développement et de la coopération (DDC).

Un apprentissage intensif

Mais avant cela, elle jette encore un regard sur ces cinq dernières années. A un niveau plus personnel, elle estime avoir effectué «un apprentissage intensif, dans tous les sens du terme». Et dans sa mémoire, elle retiendra avant tout «le courage et la dignité» des victimes rencontrées.

Avec une grande humanité, une douceur qui, paradoxalement, ferait bouger des montagnes, elle conclut: «ces histoires ont suscité chez moi la colère. L'énergie, aussi, pour que tout cela n'arrive plus. Ces témoignages contiennent beaucoup d'inspiration et de leçons. Des messages de solidarité, de tolérance et de dignité aussi. Maintenant, je vois le monde avec beaucoup plus de modestie».

swissinfo/Caroline Zuercher

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