Navigation

Le casse-tête de la sécurité dans les musées

Au Château de Prangins, les objets les plus précieux sont sous vitrine. (photo: DR.) Au Château de Prangins, les objets les plus précieux sont sous vitrine. (photo: DR.)

Faute de personnel, les musées suisses comptent sur la surveillance électronique pour protéger leur patrimoine. Mais ça ne suffit pas.

Ce contenu a été publié le 04 février 2003

Pour preuve, la facilité déconcertante avec laquelle Stéphane Breitwieser - qui est actuellement jugé en Gruyère - a commis ses vols dans les musées suisses.

Le sujet est délicat. Les responsables de musées n'aiment effectivement pas dévoiler leurs secrets en matière de sécurité. Une discrétion qui cache aussi un certain manque de moyens.

Mais il est clair que le cas Breitwieser a montré clairement que la sécurité des musées et galeries suisses et européens était insuffisante.

«Il y certains lieux qui ne sont carrément pas surveillés», constate Yvonne Lehnherr. Ce n'était pourtant pas le cas du Musée d'art et d'histoire de Fribourg qu'elle dirige.

Cela n'a toutefois pas empêché, au printemps 1996, Stéphane Breitwieser d'y voler une petite boîte sculptée. C'était un Ecce Homo du début du 17e siècle, d'une valeur de 8 à 10 000 francs.

«Il faisait partie d'une série de quinze. C'est pourquoi nous ne l'avons pas vu tout de suite.» La directrice ne peut d'ailleurs pas dire exactement quand le délit a été commis.

La faute à pas de chance

Ce dont elle est sûre, c'est que Breitwieser est parvenu à écarter deux pans de vitrines légèrement disjoints.

Mais il faut préciser que le Musée a joué de malchance. Un système de surveillance électronique extrêmement sophistiqué des vitrines était en phase d'installation.

Et, depuis, certaines pièces particulièrement précieuses sont sécurisées ponctuellement, donc par tournus. Elles sont alors directement reliées à une alarme qui aboutit à la police.

«Pourtant, je crains plus le vandalisme que le vol», souligne-t-elle encore.

Problème suisse, mais pas seulement

Il est néanmoins clair que tous les objets ne sont pas protégés. Cela dépendra de leur valeur.

Il serait, par exemple, impossible de voler le buste en or de Marc Aurèle du Musée d'Avenches car il est doté d'une sécurité maximale.

Hans Furer confirme d'ailleurs que beaucoup d'institutions ne peuvent tout simplement pas s'offrir des systèmes de sécurité souvent prohibitifs pour chaque œuvre d'art.

Le secrétaire de l'Association des galeries suisses ajoute que la plupart des institutions ont déjà suffisamment de peine à trouver de l'argent pour organiser des expositions.

Mais ce n'est pas l'apanage de la Suisse. Le problème est international à ses yeux.

Quant aux surveillants, ils ne peuvent humainement tout voir. Et par souci de confort pour les visiteurs, ils ne peuvent pas non plus les suivre à la trace.

«En Suisse, on manque de surveillants, donc on opte pour la sécurité passive, celle des objets. On n'a pas la chance d'avoir un surveillant dans chaque salle, comme c'est le cas des musées nationaux français», critique encore Yvonne Lehnherr.

La sécurité à 100% n'existe pas

Mais nul ne peut garantir une sécurité totale. Malgré ce constat, Ueli Stahel remarque que finalement, il n'y a que peu de vols. Le directeur de la sécurité des musées nationaux se souvient que le dernier vol d'importance a eu lieu dans son institution il y a quinze ans.

Il ajoute que les meilleurs systèmes du monde sont inefficaces si le personnel ne réagit pas très rapidement aux alarmes déclenchées par une effraction.

Le malfrat a souvent le temps de s'enfuir. Il ne leur reste plus qu'à avertir la police.

Et il est clair que la sécurité du personnel prime sur celle des objets. «Si un surveillant est menacé par un voleur, nous n'allons pas risquer de le mettre en danger pour protéger une oeuvre d'art. Nous le laisserons filer.»

Le facteur humain

Le point faible est donc bel et bien le facteur humain, mais c'est inévitable. Même si, il doit bien l'admettre, la technologie a ses limites. Elles sont d'ailleurs fixées par l'inépuisable ingéniosité des cambrioleurs.

Toutefois, il a de la peine à comprendre que Stéphane Breitwieser ait pu franchir la porte d'un musée avec une hallebarde, même si ces dernières ne sont pas sécurisées. «C'est grave!»

Quant au montant attribué à la sécurité, il préfère le garder secret. Il ne tient pas à forger des vocations d'Arsène Lupin.

swissinfo, Anne Rubin

En conformité avec les normes du JTI

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Joignez-vous à la discussion

Changer le mot de passe

Souhaitez-vous vraiment supprimer votre profil?

Bulletins
Votre abonnement n'a pas pu être enregistré. Veuillez réessayer.
Presque fini... Nous devons confirmer votre adresse e-mail. Veuillez cliquer sur le lien contenu dans l'e-mail que nous venons de vous envoyer pour achever le processus d'inscription.

Les meilleures histoires

Restez au courant des meilleures histoires de swissinfo.ch sur différents sujets, directement dans votre boîte mail.

Hebdomadaire

Notre politique de confidentialité SSR fournit des informations supplémentaires sur le traitement des données.