La littérature suisse, «Belle étrangère»
Comment faire entrer la Suisse et son histoire dans un roman? C'est une des nombreuses questions posées en France à quatorze écrivains suisses.
Jusqu'au 24 novembre, dans le cadre des 33ème rencontres des «Belles étrangères», des artistes de Suisse romande, de Suisse alémanique, des Grisons et du Tessin sont les invités du ministère français de la Culture et du Centre national du livre.
En début de semaine, au Centre Pompidou, à l'occasion d'une conférence-débat, l'écrivain alémanique Adolf Muschg et son confrère tessinois Giovanni Orelli ont tenté de répondre en français et devant un très nombreux public à cette difficile interrogation: comment l'histoire suisse et la fiction peuvent-elles cohabiter?
L'utilité de la fiction
Auteur du «Train des Italiennes», symbole et métaphore des convois qui transportaient les immigrantes venues chercher du travail en Suisse dans l'immédiat après-guerre, Giovanni Orelli est un des plus fins observateurs du miracle économique suisse. Pour le romancier, ces années 50-60 sont un des moments clés de notre histoire qu'il faut sonder et analyser afin de mieux nourrir le tissu romanesque.
Toujours aussi subtil et élégant, Adolf Muschg a expliqué à son auditoire français que la Suisse est structurée par des clichés qu'il est nécessaire de traquer à travers le prisme de la fiction.
Surtout, les deux écrivains ont rappelé que ce qui fonde la littérature suisse, c'est à la fois la conscience de sa différence et la difficulté de se connaître et de se reconnaître à travers les spécificités de la Romandie, de la Suisse alémanique et du Tessin. A cet égard, Giovanni Orelli a évoqué ses années de jeunesse presque exclusivement tournées vers la littérature française.
Enfin, la conférence-débat organisée au Centre Pompidou a montré que la littérature française est fédératrice chez de très nombreux écrivains suisses, toutes langues confondues. Dans cette perspective, le français reste pour les artistes helvétiques la langue par excellence de la culture et de la communication.
Jacques Allaman, Paris

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