La légende Bykov se perpétue à Fribourg
Le HC Fribourg-Gottéron est en passe de réaliser un exploit en quarts de finale des playoff face aux champions d'Europe zurichois. Parmi les joueurs en vogue du contingent fribourgeois figure un certain Andreï Bykov, fils du légendaire Slava Bykov. Rencontre.
Après avoir fait trébucher Berne, grandissime favori du championnat, en quarts de finale des playoff l'année dernière, Fribourg-Gottéron réalisera-t-il pareil exploit cet hiver face aux Zurich Lions? Victorieux des deux premières rencontres d'une série qui se joue au meilleur des 7 matches, le club romand en a en tout cas pris la bonne voie.
Depuis deux saisons, Fribourg-Gottéron prend un malin plaisir à brouiller les cartes du championnat. A tel point que dans cette ville passionnée de hockey, beaucoup se mettent à rêver de nouvelles heures de gloire, comme au début des années 90, lorsque le duo russe Slava Bykov-Andreï Khomutov avait enflammé la patinoire de St-Léonard et propulsé trois fois d'affilée leur équipe en finale.
Ce retour au premier plan du club fribourgeois coïncide avec l'apparition sur le devant de la scène de jeunes talents du cru, comme Julien Sprunger, Valentin Wirz, Alain Birbaum ou... Andreï Bykov.
La coqueluche du public
A 21 ans, Andreï Bykov est déjà un pilier de l'attaque fribourgeoise. Troisième meilleur compteur (10 buts / 27 passes décisives) de l'équipe cette saison, il forme avec Julien Sprunger et Benjamin Plüss une ligne offensive redoutable.
Depuis ses débuts en première division il y a 3 ans, Andreï Bykov est devenu la coqueluche du public fribourgeois. Normal quand on porte le patronyme d'une légende vivante du club qui est aujourd'hui à la tête de l'équipe nationale de Russie.
Petit gabarit (1m73 pour 70 kg), rapidité et agilité, vision du jeu hors paire: les ressemblances entre Slava et Andreï Bykov frappent aux yeux des observateurs. «C'est plutôt flatteur qu'on me compare à mon père. C'était un excellent joueur et je peux comprendre la nostalgie du public. L'histoire plaît aux journalistes mais moi je ne me mets aucune pression particulière car je sais tout le travail qui m'attend encore».
Buteur à 12 ans
Arrivé en Suisse à l'âge de deux ans, Andreï Bykov s'est tout naturellement passionné pour le sport dès sa plus tendre enfance. «En été, avec les copains, on jouait tous au football et en hiver, nos parents nous emmenaient à la patinoire. Je me suis assez vite rendu compte que j'étais plus fort au hockey».
Le 18 août 2000, Andreï Bykov vit ses premières émotions fortes de hockeyeur. Lors du match d'adieu organisé en son honneur, Slava Bykov fait entrer son fils à quelques minutes du terme de la rencontre.
Le gardien adverse, Renato Tosio, le laisse marquer deux buts devant un public fribourgeois en délire. «J'avais 12 ans à l'époque. Je ne me rendais pas du tout compte de l'instant magique que je vivais».
Un avenir en Russie
Sept ans plus tard et après avoir fait toutes ses classes juniors à Fribourg, le jeune attaquant marque son premier but avec l'équipe fanion. «Il n'y a pas beaucoup de mots pour décrire ces moments. Seul un buteur peut comprendre ce qu'on ressent. C'est pour ça que je joue au hockey».
Depuis, Andreï Bykov a réussi à se faire une place de choix dans l'équipe. «J'ai eu la chance de pouvoir bénéficier de beaucoup de temps de jeu. Dans d'autres clubs, les contingents sont beaucoup plus étoffés, c'est donc plus difficile pour un jeune de s'imposer».
Sous contrat avec Gottéron jusqu'en 2011, Andreï Bykov a déjà quelques idées en tête pour la suite de sa carrière. C'est notamment du côté de la Russie et de la prestigieuse KHL que se tourne son regard.
Une éducation russe
«Jouer en Russie constituerait une expérience et une étape très importante de ma carrière. Mais pour l'instant, je garde les pieds sur terre et je sais qu'une telle éventualité dépend de beaucoup de facteurs».
Son pays d'origine, Andreï Bykov ne l'a découvert qu'à l'âge de 16 ans lors d'un voyage familial. «Maintenant, j'y retourne le plus souvent possible car j'ai découvert quelque chose de génial. J'ai surtout été séduit par Moscou».
S'il a pratiquement toujours vécu en Suisse, Andreï Bykov dit avoir été «élevé comme un Russe». «La fierté est l'un des traits de caractère qui nous définit le plus. On ne se laisse pas marcher sur les pieds et on fait tout pour atteindre nos objectifs».
Avec l'équipe de Suisse?
La famille joue également un rôle primordial pour le jeune homme. «Quand nous sommes arrivés en Suisse, nos parents ont parfois vécu des moments difficiles, ce qui nous a beaucoup soudés. Aujourd'hui, même si on se voit peu, je téléphone pratiquement tous les jours à mes parents à Moscou».
Avec sa double nationalité, Andreï Bykov, qui a déjà joué en équipes nationales suisses juniors, rêve-t-il de marcher sur les traces de son père en évoluant un jour avec l'équipe nationale russe?
«C'est une pure utopie. En revanche, j'espère avoir la chance d'être convoqué une fois en équipe nationale suisse A. Mais je suis réaliste et je sais que ce sera extrêmement difficile de m'y faire une place».
Admiratif de son père
Discret et peu désireux de se mettre en avant, Andreï Bykov est en revanche admiratif de la carrière de son père. «Il ne me parlait pas souvent de ce qu'il a dû endurer pour atteindre ses objectifs. Mais quand j'ai découvert son parcours de vie dans des articles ou des livres, j'ai vraiment compris que rien ne lui avait été donné.»
Ce chemin extraordinaire a mené Slava Bykov à la tête du CSKA Moscou et de l'équipe nationale russe. «Quand il a arrêté de jouer, il n'avait pas de formation professionnelle et sa reconversion n'a pas été facile. Alors, devenir entraîneur du CSKA Moscou puis de l'équipe nationale russe, c'est juste hallucinant!».
swissinfo, Samuel Jaberg
ANDREI BYKOV
Russo-Suisse. Andreï Bykov est né le 10 février 1988 à Moscou. A l'âge de 2 ans, sa famille déménage à Marly, près de Fribourg, où Slava Bykov est engagé par le club de hockey local.
Gottéron. Il fait tout son apprentissage de hockeyeur dans le même club que son père. En décembre 2005, il joue son premier match de LNA (première division) contre Lugano. Lors de la saison 2006-2007, il s'impose dans la première équipe de Fribourg-Gottéron et inscrit son premier but en LNA.
Saison 2008/09. En août 2008, Andreï Bykov a prolongé son contrat avec Fribourg de deux ans, soit jusqu'au terme de la saison 2010/2011. Il pointe actuellement la 3e place des compteurs de son club avec 37 points (10 buts /27 assists).
International. En 2006, Andreï Bykov a été désigné meilleur joueur suisse lors des Championnats du monde des moins de 18 ans. En 2007 et 2008, il a participé aux Mondiaux des moins de 20 ans avec l'équipe de Suisse.
PLAYOFF DE LNA
Quarts de finale (au meilleur des 7 matches)
Berne – Zoug mardi à 19h45
(1-1 dans la série)
Kloten – Genève mardi à 19h45
(2-0 dans la série)
Zurich – Fribourg mardi à 19h45
(0-2 dans la série)
Davos – Lugano mardi à 20h15
(1-1 dans la série)
La première équipe qui remporte 4 matches est qualifiée pour les demi-finales. Le même mode opératoire est valable jusqu'en finale des playoff, où le vainqueur est désigné champion de Suisse.

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