La dernière croisière de San Antonio
L’écrivain français, auteur d’époustouflants polars de gare est décédé mardi à l’âge de 78 ans à Bonnefontaine, dans le canton de Fribourg, en Suisse. Rappel d'une trajectoire.
Etabli en Suisse depuis 1978, le «père» de San Antonio a signé pas moins de 250 romans vendus à plus de 200 millions d’exemplaires au cours de sa vie. Lucide et l’humour mordant, Frédéric Dard qualifiait lui-même ses romans de «petits polars pour bibliothèques de gare». C’est vrai. Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer les titres de quelques uns de ses ouvrages: «Les Cons», «Y-a-t-il un Français dans la salle», «Concerto pour porte-jarretelles», «A prendre ou à lécher».
Et pourtant, San Antonio était beaucoup plus que l’auteur provoquant de livres plutôt vulgaires. Aujourd’hui, s’il faut lui rendre hommage, c’est surtout, parce qu’il avait une langue d’une inventivité folle, parce que sous des dehors très populaires, son écriture était en réalité très soignée et truculente, parce que son imagination débordante était à la taille d’un Balzac.
Et puis, il ne faut pas l’oublier: San Antonio n’était pas Frédéric Dard. L’écrivain français était connu pour son langage très châtié dans la vie de tous les jours, pour sa bonté et sa générosité. San Antonio était une magnifique et attrayante fiction. Mais l’auteur s’est aussi commis dans d’autres styles comme par exemple «La vieille qui marchait dans la mer», oeuvre qui fut adaptée au cinéma.
Et la vieillesse, Frédéric Dard l’a connue sans amertune, lui qui s’approchait des 80 ans. Récemment encore, lorsqu'on lui demandait s'il aimerait en reprendre pour 20 ans, il répondait: «à votre bon coeur, je suis preneur, s'Il veut. Je n'aurai pas de regrets si je me vois partir. Je dirai merci pour la croisière».
swissinfo

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