La Chine, l'Afrique australe et le sida
Les huitièmes «Visions du Réel» à Nyon présentent le nouveau cinéma chinois. Et relatent le fléau du sida qui sévit en Afrique australe.
«Next Wave, c'est le terme inventé par les Chinois eux-mêmes pour signifier qu'ils éprouvent l'envie, le besoin d'écrire une nouvelle histoire de leur pays», explique Jean Perret, directeur du 8e Festival international du cinéma à Nyon.
Cette nouvelle histoire est rendue possible par une réelle révolution technologique. Elle est en marche depuis maintenant cinq à sept ans en Chine.
Ces Chinois et leurs caméras vidéos
Cette révolution peut effectivement se faire grâce aux caméras DV. Ces petites caméras vidéos sont très légères et pas trop chères. Les utilisateurs peuvent les manier sans faire de longues études cinématographiques.
C'est ainsi que des hommes - et aussi des femmes - partent seuls filmer dans la rue et rapportent des scènes de la vie quotidienne chinoise. Dans le même temps, ces dizaines de vidéastes chinois développent des réseaux parallèles de diffusion.
Et «ça donne des témoignages passionnants», note Jean Perret. «Non seulement parce qu'en tant qu'Européens, nous découvrons autrement ce gigantesque pays et ses cultures. Mais aussi, parce que ces jeunes vidéastes chinois ont un réel talent pour raconter des histoires. Pour nous intéresser à leurs problèmes de société».
Un cinéma libéré
«Pour des raisons de délai et non de censure, nous ne pouvons montrer que deux films chinois cette année», précise Jean Perret. Dans «This Winter», de Hua Zhong, trois jeunes recrues chinoises appréhendent leur retour à la vie civile. Et dans «The Box», d'Y. Windy Echo, deux femmes témoignent face à la caméra de leur homosexualité.
Mais la suite de ce panorama sur la nouvelle vague du cinéma chinois «Next Wave» est déjà prévue au programme de l'édition prochaine, assure Jean Perret.
Relevons encore que «ces petites caméras DV permettent de sortir du cadre lourd et rigide des studios de production et chaînes de télévision d'Etat. D'où sortent des films le plus souvent académiques», souligne Jean Perret, en parlant de la Chine.
«Steps for the Future»
«Steps for the Future», pour sa part, est une série de 35 films lancés par des gens d'Afrique australe sur le sida. Ce projet a été rendu possible grâce à une coproduction (cofinancement) avec la Finlande, autre invité de marque de cette huitième édition.
Ce sont des courts, moyens et longs métrages. Ils ont été réalisés en une année par de jeunes cinéastes d'Afrique australe. Et tous ces films, d'une façon comique, tragi-comique ou douloureuse, témoignent du sida.
«C'est qu'à peu près 70 % des malades du sida habitent en Afrique australe», rapporte Jean Perret. «Les films présentés à Nyon rendent ainsi compte de la réalité extrêmement complexe de ce fléau. En effet, dans ces pays-là, le sida a des répercussions non seulement psychologiques, mais aussi sociales, politiques et économiques graves».
Films engagés
En outre, tous ces films s'engagent pour que le sida soit pris en considération d'une façon beaucoup plus résolue par les différents gouvernements d'Afrique australe.
A ce sujet, une soirée exceptionnelle est organisée avec la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) du Département fédéral des affaires étrangères, en présence de cinéastes et producteurs africains, mercredi à 20h, à Nyon, au Capitole 1, puis à l'Usine à Gaz.
swissinfo/Emmanuel Manzi
Visions du Réel du 22 au 28 avril à Nyon.

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