L'EPO naturelle de St-Moritz pour Bucher
André Bucher sera à Münich au départ du 800 mètres des championnats d'Europe. Et, comme de nombreux athlètes, c'est à Saint-Moritz qu'il a préparé son retour.
Quitter le paysage quasi lunaire du col du Julier pour déboucher sur le plateau reliant Silvaplana à Saint-Moritz procure un sentiment étrange de sérénité.
A un peu plus de 1800 mètres d'altitude, au pied du Corvatsch et du Muottas Muragl, le décor est enchanteur. Les rayons du soleil filtrent entre les sommets des montagnes de l'Engadine et se reflètent sur la surface des lacs.
Depuis 1965...
C'est là, dans le calme, que des athlètes de pointe du monde entier- toutes disciplines confondues - viennent parfaire leur condition physique en vue des grandes échéances sportives.
Récemment, beaucoup y ont préparé les Championnats d'Europe d'athlétisme prévus du 6 au 11 août, à Munich.
«Tout à commencé au milieu des années 60 lorsque des athlètes ont décidé de venir se préparer à Saint-Moritz pour les Jeux olympiques de Mexico», rappelle Martin Berthod, chef des sports de la station.
Depuis, la station a su profiter de l'aubaine en adaptant ses structures. Et les sportifs de l'élite mondiale se succèdent et se croisent dans ses hôtels, ses rues, ses piscines, sur ses nombreux sentiers, dans sa salle de musculation ou sur la piste cendrée de son centre sportif d'altitude.
De grands noms
Entre autres exemples: le nageur russe Alexander Popov, les grandes stars de l'athlétisme telles que l'Américain Carl Lewis, le Kenyan Paul Tergat, le Danois Wilson Kipketer ou même le récent vainqueur du Tour de France cycliste Lance Armstrong.
Les athlètes suisses - qui y bénéficient de conditions financières favorables - ne sont pas en reste.
Ainsi, le double médaillé d'or des JO de Salt Lake City Simon Amman, le spécialiste de l'aviron Xeno Müller ou encore le champion du monde en titre du 800 m André Bucher profitent aussi régulièrement des conditions idéales de Saint-Moritz.
«Nous accueillons entre 1500 et 2000 athlètes par année, explique Martin Berthod. Principalement de juin à septembre et de novembre à février. Mais aussi en fonction des grands rendez-vous sportif comme les JO ou les Championnats d'Europe et du Monde.»
De l'EPO naturelle
Le cadre idyllique, les conditions d'ensoleillement et de chaleur, l'air sec, les structures d'entraînement et médicales ainsi que de logement expliquent en bonne partie le succès de Saint-Moritz.
Mais la principale qualité de la station de l'Engadine réside dans sa situation parfaite, en altitude, au centre de l'Europe. «L'altitude idéale pour s'entraîner se situe entre 1400 et 2100 environ, explique le médecin du sport Daniel Blanc.»
Concrètement, quelqu'un qui fait un effort physique, augmente sa consommation d'oxygène. Plus le muscle reçoit d'oxygène et plus il est performant.
En montant en altitude, la pression de l'oxygène diminue et le corps humain réagit en fabriquant naturellement plus de sang et en changeant sa structure.
Le nombre de globules rouges et d'hémoglobines - pigment respiratoire contenu dans les globules rouges qui transporte l'oxygène - augmente également.
«Il est nécessaire d'adapter le temps et l'entraînement effectué en altitude, explique encore Daniel Blanc. En allant trop haut le nombre de globules rouges augmente trop et le sang devient visqueux. Le cœur doit alors trop travailler.»
Et le médecin du sport de préciser: «l'entraînement en altitude est la seule façon naturelle et autorisée d'augmenter le nombre de globules rouges. C'est une prise d'EPO naturelle.»
L'autotransfusion et les injections d'érythropoïétine (EPO) - hormone stimulant la moelle osseuse et donc la production d'érythhrocytes (globules rouges) - sont en effets proscrites.
Des effets bénéfiques
Après un entraînement adéquat en altitude, le retour en plaine s'avère bénéfique. Puisque l'augmentation des globules rouges reste effective durant quelques semaines. L'oxygénation plus importante des muscles favorise les performances.
Revenant de blessure, le champion du monde en titre du 800m André Bucher a préparé les Européens de Munich dans l'Engadine en compagnie des autres sélectionnés suisses.
Il vient, du reste, d'annoncer officiellement sa participation aux Championnats d'Europe à Munich.
Après avoir terminé dernier du 800 m à Monte-Carlo lors de son retour à la compétition, le Lucernois avait décidé de se laisser deux semaines de réflexion avant de donner sa réponse définitive.
«L'apport effectif d'un tel stage est important mais change selon les athlètes, concède le Lucernois. Pour ma part, je sens les effets soit immédiatement après le retour en plaine soit près de dix jours après. Entre-temps, je suis spécialement fatigué.»
Au fur et à mesure de l'approche de l'échéance des Européens de Münich, André Bucher et les spécialistes d'athlétisme ont déserté le «toit de l'Europe».
Laissant le soin à d'autres sportifs d'élite de courir à la recherche des vertus bienfaisantes de l'Engadine. Et d'un stage en altitude à Saint-Moritz.
swissinfo/Mathias Froidevaux de retour de Saint-Moritz

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