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Kremlingate: une épine dans le pied de Vladimir Poutine

Vladimir Poutine (à gauche) avec Pavel Borodine. Keystone

Un pan entier du Kremlingate apparaît aujourd´hui en pleine lumière. Principal bénéficiaire des commissions mises à jour par le juge genevois Daniel Devaud: Pavel Borodine. Un personnage bien encombrant, surtout pour le président Vladimir Poutine.

Ce contenu a été publié le 12 septembre 2000 minutes

Premier euphémisme: le Parquet général de Russie n'est pas du tout pressé de répondre aux demandes d'aide du juge Daniel Devaud. Deuxième euphémisme, expliquant le premier: Pavel Borodine, la principale personnalité se trouvant dans la cible du magistrat genevois, fait parti des intouchables sulfureux de la politique russe.

Borodine est l'ancien chef de la Direction des affaires du président. Cette Direction n'a pas d'équivalent en Occident. Elle gère quelque 3 millions de mètres carrés de bâtiments, toutes les voitures officielles, les datchas, les centres de repos, des avions. Bref: près de 12 000 employés de l'Etat, des ministres aux juges en passant par les députés, dépendent totalement de cette Direction.

L'opacité totale dans laquelle elle a toujours fonctionné a autorisé toutes les dérives. C'est cette Direction qui fut chargée de la rénovation des bâtiments publics, à commencer par celle du Kremlin, confiée aux sociétés suisses Mabetex et Mercata.

Alors que les révélations se sont multipliées depuis un an sur les commissions versées à cette occasion, Pavel Borodine n'a jamais été sérieusement menacé en Russie. Certes, il a quitté la Direction, mais c'est pour être promu secrétaire général de l'Union entre la Russie et la Biélorussie. Une fonction pas seulement symbolique, puisqu'elle lui assure l'immunité diplomatique.

Il faut dire que Borodine peut compter sur un soutien de choix: le chef de l'Etat Vladimir Poutine fut en effet son adjoint pendant un an à la Direction des affaires du président. A ce titre, il a participé ou a au moins eu connaissance à toutes les opérations douteuses décidées par Borodine.

Quand on connaît la dépendance totale de la justice russe par rapport au pouvoir exécutif, on peut imaginer qui donne actuellement les coups de pelle pour enterrer l'enquête.

Piotr Smolar, Moscou

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