Julien Weiss, le chant et la transe
Avec son Ensemble Al-Kîndi, le musicien franco-suisse, établi en Syrie, donne des concerts de musique arabe sur l'arteplage d'Yverdon-les-Bains. Portrait.
Il croit en lui, et c'est vital pour un artiste. «Je ne me fais aucun souci, je remplis toujours les salles», nous avait-il confié il y a quelque temps.
Ce n'est pas une salle conventionnelle que Julien Jalâl Eddine Weiss remplit ces jours-ci, mais le «Mondial» de l'arteplage d'Yverdon-les-Bains où le musicien, joueur de qânûn (cithare sur table), est invité à donner des concerts jusqu'au 7 juillet, en compagnie de son Ensemble Al-Kîndi.
Sous ce label qui réunit des maîtres de la musique arabe, Weiss a produit une quinzaine d'albums et présenté des centaines de concerts dans le monde entier.
A Yverdon, il dirige des artistes syriens qui jouent à ses côtés d'instruments orientaux à cordes et à vent et interprètent des chants sacrés et profanes dans la plus pure tradition alépine.
L'attraction orientale
C'est à Alep justement, cité antique du nord de la Syrie, que Weiss s'est établi en 1995 et a créé son Salon de musique.
Il y a quelques années, ce Français de mère bâloise, né à Paris en 1953, s'est converti à l'Islam. D'où ce double prénom de Jalâl Eddine qui prend toute sa saveur orientale lorsque s'élèvent, pour escorter le musicien, les voix sublimes du chanteur Sabri Moudallal et du Sheikh Hamza Chakour, hymnode de la Grande Mosquée de Damas.
La soif d'un Orient imaginaire qui ressemblait à celui de Nerval a conduit le guitariste que fut Weiss à ses débuts sur les routes du Caire, de Tunis, de Beyrouth, de Bagdad, d'Alep...
Dans ces villes aux mélodies aussi variées que savoureuses, il a goûté à l'enseignement de grands instrumentistes qui l'initient à la musique arabe, sacrée notamment.
«Si j'étais resté en Occident, nous avait-il affirmé un soir à la suite d'un concert, je serais certainement allé à la recherche des chanteurs de cathédrale pour essayer de retrouver chez eux la pureté d'un art ancien. J'estime qu'on arrive à une époque de la modernité où les chants mystiques peuvent être écoutés d'un point de vue laïc».
En témoignent les foules de tous horizons présentes lors de ses concerts. Captivées et comme dopées par le rythme des mélopées, elles suivent d'un mouvement de tête oscillatoire l'interprétation de l'orchestre.
On les croirait entrées en transe, comme ces derviches tourneurs emmenés par Weiss, qui, l'autre jour, enchantèrent le public d'Yverdon avec leurs danses rituelles.
swissinfo/Ghania Adamo

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