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Initiative sur les armes: léger avantage pour les partisans

Contrairement à ce que laisse penser cette image, les femmes ne sont pas particulièrement fans des armes. Keystone

Si les Suisses avaient déjà voté sur l’initiative «Pour la protection face à la violence des armes», le texte aurait été accepté. C’est le vote des femmes qui aurait fait pencher la balance. Toutefois, les jeux restent ouverts en vue de la votation du 13 février.

Ce contenu a été publié le 14 janvier 2011
swissinfo.ch

L’initiative populaire qui entend bannir les armes militaires des foyers aurait passé l’épreuve des urnes avec 52% d’avis favorables contre 39%, selon les résultats du sondage effectué par l’Institut gfs.bern pour le compte du diffuseur national SRG SSR.

La part des indécis représente 9% des personnes interrogées et le taux de participation attendu se monte à 42%.

Le vote féminin se révèle déterminant. En effet, les femmes sont 61% à se déclarer favorables à l’initiative; 27% sont contre et 12% encore indécises. En revanche, les hommes penchent pour un refus avec 51% de non, 44% de oui et 5% d’indécis.

«C’est le plus fort clivage hommes-femmes jamais rencontré en dix ans de sondage sur les votations fédérales», souligne le directeur de l’Institut gfs.bern Claude Longchamp. Dans le passé, le vote des femmes ne s’est avéré décisif qu’à deux reprises: en 1994, pour l’initiative des Alpes, et en 2008, pour l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine, rappelle-t-il.

Sur le terrain de l’émotivité

L’initiative sur l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine peut d’ailleurs être comparée à celle sur les armes qui sera soumise au peuple le 13 février. Il s’agit en effet de thématiques qui suscitent de fortes émotions, explique Claude Longchamp.

C’est justement le choc provoqué par quelques drames très médiatisés qui ont conduit à l’initiative «Pour la protection face à la violence des armes». Ces épisodes, bien présents dans l’esprit de la population, ont répandu dans l’opinion publique le sentiment que les armes à feu à la maison constituent un danger bien réel.

Ce dernier argument ainsi que celui selon lequel les armes à domicile seraient inutiles figurent en tête des motivations des sondés qui ont déclaré vouloir voter en faveur de l’initiative.

Parmi les opposants, en revanche, les arguments qui prédominent sont le fait que l’initiative n’empêche pas la possession illégale d’armes et le fait que les revendications de l’initiative sont déjà satisfaites.

Avec ces arguments, les partis n’ont plus guère de marge pour convaincre les indécis. Selon Claude Longchamp, les opposants devraient chercher à faire pression sur les citoyens qui ne sont liés à aucun parti pour tenter de retourner la situation en leur faveur.

En fait, les positions sont très polarisées et les opinions déjà bien formées. Parmi les sondés, 58% se considèrent déjà bien informés sur l’initiative, ce qui constitue une proportion très élevée. «Cela ne signifie pas que ce soit effectivement le cas, mais ces gens changeront difficilement d’avis», commente Claude Longchamp.

Les jeux restent ouverts

Malgré tout, pour le spécialiste des sondages, «tout reste possible», précisément parce nous sommes dans le champ de l’émotivité. Des drames sanglants pourraient par exemple renforcer le camp des partisans. Et même si cela ne se passe pas en Suisse, précise Claude Longchamp, en citant la récente tuerie en Arizona.

D’autre part, ce n’est que maintenant que la campagne politique, pour laquelle les deux camps usent d’images choc, entre véritablement dans le vif du sujet. Par ailleurs, les adversaires ont mis l’accent sur les conséquences possibles de l’acceptation de l’initiative, surtout pour les tireurs sportifs, les chasseurs et les collectionneurs d’armes, observe Claude Longchamp.

Les organisations intéressées par les armes feront donc tout leur possible pour faire vibrer la corde sensible de leurs membres, c’est-à-dire en insistant sur les conséquences directes de l’initiative pour eux, afin qu’ils se mobilisent le jour de la votation.

«Pour le moment, aucun pronostic sur l’issue du vote du 13 février n’est possible», conclut Claude Longchamp.

Sondages

Le sondage de gfs.bern a été réalisé dans toutes les régions linguistiques. L’institut a interrogé un échantillon représentatif de 1214 personnes entre le 3 et le 8 janvier.

La marge d’erreur est de plus ou moins 2,9%.

Un autre sondage a été réalisé par l’Institut Isopublic en Suisse alémanique et en Suisse romande.

Les résultats, publiés dans la dernière édition du journal dominical SonntagsBlick, donnent également le camp des partisans de l’initiative gagnant (45% de oui, 34% de non et 21% d’indécis).

Dans ce sondage également, les femmes se montrent largement plus favorables (52% de oui et 24% de non) que les hommes (42% de non et 39% de oui).

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L’initiative en bref

L’initiative a été remise à la Chancellerie fédérale le 22 février 2009, munie de 106'037 signatures valables.

Elle émane d’une coalition regroupant quelque 70 organisations: défense des droits de l’homme, syndicats, prévention du suicide, Eglises, associations de lutte contre la violence faite aux femmes, mouvements pacifistes, etc.

Principales exigences: établissement d’un registre national des armes, justification d’un besoin et de compétences pour posséder une arme, stockage des armes militaires dans des lieux sécurisés, interdiction de posséder des armes particulièrement dangereuses (armes automatiques, fusil à pompe) à titre privé.

Au niveau politique, l’initiative a reçu le soutien de la gauche. Le gouvernement et la majorité de droite du Parlement recommandent en revanche au peuple de la rejeter.

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