Le MAE présente une installation visuelle et sonore tirée de bruitages naturels d'élèves de 8 ans. Une aventure artistique et pédagogique fascinante.

Les élèves d'une classe de 3e année de Renens ont commencé par écouter les battements de cœur d'un fœtus dans le ventre de sa maman, dans un cabinet de sage-femme. L'expérience a provoqué une vive émotion. Pas étonnant, c'est le départ de la vie.

Installation sonore et visuelle

En parallèle, un photographe a suivi les différentes étapes. Il a saisi au vol les enfants dans leur expérimentation biologique et sonore et a immortalisé, en numérique, une narine, un doigt de pied ou le creux d'une oreille.

Résultat? Une installation intrigante qui mélange sons en quadriphonie et images projetées sur double écran en lamelles de plexiglas. «Notre but, explique Marina Massaglia Aït Ahmed, était de créer un espace sonore et visuel à partir de l'impulsion première de la vie». Celle du cœur, au propre comme au figuré.

Car il faut voir et entendre ces enfants pour se rendre compte à quel point ils se sentent concernés par cette aventure multimédia. Le photographe Jean-Pierre Fonjallaz confirme: «Ils font preuve d'une naïveté et, en même temps, d'une compréhension intuitive assez délirante. Surtout, ils démarrent au quart de tour dans chacune des étapes de l'installation».

Fondus dans la musique et l'image

Mais les enfants reconnaissent-ils leurs bruitages dans le résultat final? «J'ai tapé des mains lorsque nous étions en studio d'enregistrement, explique Zineb, 8 ans, mais je n'ai pas reconnu mes bruitages dans la musique». En revanche, certains de ses camarades comme Olivia ou Antonin assurent, eux, reconnaître ici et là leurs claquements de langue...

«J'ai essayé de retranscrire dans les ambiances musicales les impressions qui habitent les enfants lorsqu'ils sont à l'écoute de leur corps», explique la compositrice Patricia Bosshard.

Et, comme pour la musique, les élèves ne reconnaissent pas vraiment l'une ou l'autre partie de leur corps sur les images projetées sur l'écran géant, tant celles-ci sont devenues abstraites.

En découvrant les poils grossis d'une oreille (en forme de cœur) sur l'écran et en écoutant les quatre titres (intra, cœur, insouciance et wc) diffusés sur les haut-parleurs du MAE, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec la pochette et la musique du sublime album «Meedle» des Pink Floyd, sorti en 1971.

Emmanuel Manzi

«Impulsion, une histoire de cœur , une exposition à voir jusqu'au 2 juin 2002 au MAE à Chavannes-près-Renens. Entrée libre. Dimanche de 14 à 17 h ou sur rendez-vous au 079 210 90 63

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