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Les écoles suisses à l’étranger ont le vent en poupe

Leçon à l'école suisse de São Paulo. Keystone

L’adoption d’une nouvelle loi permet aux écoles suisses de mieux préparer l’avenir et de se développer. Le multilinguisme pose cependant des défis. 

Ce contenu a été publié le 16 juillet 2015 - 11:00
Ariane Gigon, Bâle, swissinfo.ch

«Nous avons bien travaillé l’année passée!» C’est ainsi que le conseiller national (député) bernois Matthias Aebischer a salué les responsables des dix-sept écoles suisses de l’étranger début juillet au «Rathaus» de Bâle, qui accueillait leur réunion annuelle.

Durant l’année scolaire 2014-2015, les 17 écoles suisses reconnues dans 9 pays comptaient au total 7823 élèves, dont environ 1800 de nationalité suisse. Environ 300 enseignants suisses étaient actifs dans ces écoles, sans compter un nombreux personnel local. swissinfo.ch

Président de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du conseil national (CSEC), le socialiste a suivi l’élaboration de la nouvelle loi de près, qui a renforcé le statut des écoles suisses à l’étranger: «En conservant le budget de 20 millions de francs par année et en décidant de l’attribuer en bloc pour des périodes de quatre ans, et non plus année après année, nous permettons aussi aux écoles de mieux planifier leur avenir.» 

Une nouvelle forme de financement qui n’était pas passée comme une lettre à la poste au Parlement. Une option – rejetée – prévoyait en effet la suppression de la subvention fédérale, ce qui aurait mené à la fermeture progressive des écoles. 

«Un instrument de politique étrangère» 

Outre le financement, le point le plus important de la nouvelle Loi sur les écoles suisses à l’étrangerLien externe (LESE) est la suppression de la proportion minimale obligatoire d’élèves de nationalité suisse. Jusqu’ici, le pourcentage se montait à 30% dans les petits établissements et à 20% dans les plus grands. 

«Les écoles suisses à l’étranger sont une carte de visite positive de la Suisse à l’étranger et, par là, un instrument de politique étrangère. L’abandon d’une proportion minimale de Suisses dans les écoles à l’étranger permettra leur expansion», a expliqué la Confédération dans la présentation de la nouvelle loi. 

«L’abandon de cette clause permet aux écoles suisses de se développer, confirme Matthias Aebischer. Car le système d’éducation suisse a une très bonne réputation et est très sollicité par des familles d’autres nationalités.» Selon lui, ces établissements font ainsi une «excellente publicité à notre pays.» De plus, selon l’association des écoles suisses à l’étranger, educationsuisseLien externe, «la loi est désormais plus équitable pour les enfants du pays d’implantation des écoles». 

Formation professionnelle également 

La nouvelle loi a également introduit la possibilité de soutenir la formation professionnelle, en collaboration avec les entreprises suisses implantées à l’étranger. «Cela peut aussi avoir un effet positif sur la collaboration économique entre la Suisse et le pays hôte», rappelle Derrick Widmer, président d’educationsuisse. 

«En tant que président de la CSEC, je sais que de nombreux pays envient notre système de formation duale (apprentissage en entreprises et cours dans une école professionnelle, ndlr)», poursuit Matthias Aebischer. Si la loi entend favoriser la création de nouveaux établissements, le Bernois estime que la quantité n’est pas un but en soi. «Nous devons surtout maintenir notre excellence plutôt que multiplier les écoles simplement pour augmenter leur nombre», dit-il. 

En français à Bogota 

Outre le fait de se réjouir des nouvelles conditions-cadres, les participants se sont penchés sur différentes stratégies d’apprentissage et de perfectionnement de l’allemand, dans un contexte multilingue. 

Enseignement plurilingue

Dans les écoles suisses à l’étranger, l'enseignement est toujours au moins bilingue, avec une langue nationale et la langue locale ou l’anglais. Une deuxième langue nationale est introduite au niveau moyen supérieur. Les programmes doivent conduire à l’obtention de certificats reconnus tant par le pays hôte que par la Suisse.

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Quant au français, il n’est la langue d’enseignement qu’à l’école suisse de Bogota, en Colombie. Cette particularité a des raisons historiques: «Les nombreuses familles intéressées par une école étrangère, au moment de la fondation de l’école, en 1948, se sont détournées de l’école financée par le gouvernement allemand, dans une réaction antiallemande. Aujourd’hui, le français connaît toujours un grand succès.», souligne Urs Watter, le président de l’établissement. 

Ce dernier admet que l’école est aussi très bien placée au centre-ville, qu’elle compte un terrain de football et beaucoup de verdure. «Nous sommes aussi probablement la seule école d’Amérique du Sud à parler espagnol lors des séances du comité, ajoute Urs Watter. Les autres parlent allemand.» 

Traditionnellement, les étudiants de la filière francophone réussissent mieux la maturité que leurs collègues germanophones. «Une des explications possibles est que le français est plus proche de l’espagnol», souligne Urs Watter. 

Quant à Barbara Sulzer Smith, la nouvelle directrice de l’association, qui a présidé l’école suisse de Barcelone – et ses cinq langues parlées – pendant des années, elle estime que «la Suisse est trop crispée avec la problématique des langues». Elle invite à aborder ce débat avec plus de sérénité. «Et ne pas oublier que l’immersion est très importante.»

En chiffres 

L’association des écoles suisses de l’étranger, educationsuisse, a des contrats avec 114 enseignantes et enseignants travaillant dans 17 établissements. 

La Confédération soutient actuellement 17 écoles suisses dans le monde. Leur effectif total s’élève à 7200 élèves, dont 1800 enfants suisses. 

Des écoles suisses ont été créées avec l’aide de la Confédération entre 1947 à 1979 dans le monde entier. Depuis, aucune n’a vu le jour. Les nouvelles écoles de Cernavac (1992) et Querétaro (2007) au Mexique et de Côme (2011), en Italie, sont des filiales d’autres écoles suisses déjà implantées dans ces pays. 

La Confédération soutient aussi (avec une enveloppe de 1,4 million de francs en 2014) la formation de jeunes Suisses à l’étranger dans les endroits où aucune école suisse n’existe. Des enseignants peuvent ainsi s’occuper de jeunes Suisses au sein d’écoles internationales.

Le rapport annuel d’educationsuisse indique encore que 311 enfants de parents travaillant pour 74 multinationales suisses fréquentent des écoles suisses à l’étranger. La destination la plus fréquentée est Singapour (126 enfants), suivie par Sao Paulo (40). Les banques UBS et CS sont les plus grandes pourvoyeuses de parents envoyant leurs enfants dans de écoles suisses. 

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