Droits de l’homme: les regards sont tournés vers Genève
La Commission des droits de l’homme de l’ONU entame ce lundi à Genève sa session annuelle de six semaines. La Suisse n’en fait pas partie. Mais ses observateurs officiels suivent de près les débats. Ainsi que bon nombre de militants d’ONG.
La Commission des droits de l’homme de l’ONU entame ce lundi à Genève sa session annuelle de six semaines. La Suisse n’en fait pas partie. Mais ses observateurs officiels suivent de près les débats. Ainsi que bon nombre de militants d’ONG.
A la Commission des droits de l'homme, qui est la clef de voûte du système des Nations unies pour la construction d'un monde en principe plus respectueux des personnes, les années se suivent et se ressemblent. Pendant six semaines, les 53 États qui la composent vont débattre des informations et des situations les plus préoccupantes du moment, sous le regard critique d'une multitude de militants délégués par des organisations non gouvernementales.
Chaque printemps, ils en repartent généralement déçu. Cette Commission, de manière imperturbable, reste en effet trop souvent l’otage des intérêts politiques et économiques de ses membres qui relèguent au second plan la défense des victimes de violations. Le résultat est que certains pays, surtout parmi les plus puissants de la planète, font figure d’«Etats intouchables».
On pense bien sûr à la Chine, qui depuis des années, esquive habilement toutes les attaques. On se souvient aussi de la Turquie, qui se servait de sa position géostratégique comme bouclier aux condamnations. Et ce sera aussi sans doute le cas cette fois-ci de la Russie dont on voit mal qui prendrait publiquement le risque de réclamer un vote sur ses pratiques exécrables en territoire tchétchène.
Début avril, Mary Robinson (photo d'archive), Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, devrait en principe voyager du côté de Grozny. La question est de savoir si, à son retour à Genève, elle en rendra compte immédiatement devant la Commission. «Nous ne pouvons pas attendre une année pour avoir son rapport» disent ceux qui, parmi les militants, réclament à cor et à cri une enquête internationale.
«La Suisse respecte l'intégrité territoriale de la Russie et reconnaît le droit de tout Etat à lutter contre le terrorisme par des moyens adéquats», disait fin décembre un communiqué du Département fédéral des affaires étrangères, ajoutant aussitôt que les actions militaires menées par les forces russes en Tchétchénie étaient «disproportionnées». On verra, mardi, si Joseph Deiss, le chef de la diplomatie suisse, reprendra ce thème lorsqu’il prendra la parole devant la Commission.
Quant aux militants d’ONG ou sections suisses de défense des droits de l’homme, ils seront une fois encore très nombreux à se relayer dans le suivi des fastidieuses et innombrables séances du Palais des Nations. «Notre rôle est essentiel», explique l’un d’eux, «c’est le seul moyen d’éviter de tomber dans la banalité des discours des gouvernements qui veulent toujours prouver qu’ils ont raison de faire ce qu’ils font».
Bernard Weissbrodt

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