Navigation

Dis-moi pour qui tu votes, je te dirai qui tu es

Le sondage de GfS montre que les partis ont chacun un électorat de prédilection. L'âge, le revenu ou l'habitat sont autant de critères dans le choix d'un parti.

Ce contenu a été publié le 18 octobre 2002 minutes

L'UDC est la formation politique qui séduit dans le plus grand nombre de milieux.

La très agrarienne Union démocratique du centre est logiquement le parti le plus apprécié à la campagne. Ainsi, 29% des personnes habitant dans les zones rurales entendent voter UDC en octobre 2003. Les démocrates-chrétiens y sont aussi bien soutenus avec 23%.

Mais ce qui fait la force de l’UDC, c’est qu’elle pourrait aussi faire le plein de voix dans les cinq grandes agglomérations du pays (25%) et dans les villes moyennes (22%).

Seuls les radicaux sont également présents partout (19% dans les campagnes, 21% dans les villes moyennes et 19% dans les grandes agglomérations).

La situation est par contre déséquilibrée pour les deux autres partis gouvernementaux. Le Parti socialiste apparaît avant tout comme urbain (29% dans les grands centres mais seulement 17% dans les campagnes).

Pour les démocrates-chrétiens, c’est le contraire; avec 5% d’intentions de vote, ils sont sous-représentés dans les grandes agglomérations.

Les intellectuels votent socialiste

Le niveau de formation entre aussi en considération dans le choix d’un parti. Les personnes qui ont fait des études supérieures sont 28% à vouloir voter pour le Parti socialiste et 23% pour les radicaux.

A l’inverse seuls 11% des «intellectuels» sont prêts à donner leurs voix au démocrates-chrétiens et 16% à l’UDC. Ces deux partis attirent en revanche davantage que les autres la sympathie parmi les personnes qui n’ont suivi que l’école obligatoire.

Le revenu des ménages présente également un critère intéressant. Les revenus les plus faibles (moins de 3000 francs par mois) se répartissent assez équitablement entre les socialistes, l’UDC et le PDC.

Mais les graphiques du sondage de l’Institut GfS font clairement apparaître deux courbes bien distinctes. D’une part, les revenus moyens (entre 3000 et 5000 francs) plébiscitent l’UDC (36% des intentions de vote). D’autre part, parmi les hauts revenus (plus de 9000 francs), 34% entendent soutenir les radicaux contre seulement 24% les socialistes, 18% l’UDC et 14% le PDC.

Enfin, l’âge constitue aussi un critère. Les personnes âgées (66 ans et plus) sont particulièrement attirées par les sirènes de l’UDC. 32% des aînés entendent voter pour ce parti, 19% pour les radicaux, 18% pour les démocrates-chrétiens et 17% pour les socialistes.

A contrario, les jeunes (moins de 40 ans) sont surtout séduits par le Parti socialiste (26%). Mais le renouvellement de l’électorat semble aussi en bonne voie pour l’UDC et les radicaux qui recueillent chacun 22% des intentions de vote. En fait, seul le PDC a de réelles raisons de s’inquiéter, puisqu’il n’attire que 10% des moins de 40 ans.

Le paradoxe socialiste

Pour le politologue Claude Longchamp, ces résultats montrent que l’UDC est peut-être actuellement le parti le plus représentatif du pays. «Elle est bien représentée dans toutes les régions et dans toutes les couches de la population, sauf parmi les intellectuels», estime-t-il.

Ce parti a cependant raté l’un de ses objectifs: il est largement dépassé par les radicaux auprès des gros revenus. Pour Claude Longchamp, cette situation provient du fait que le Parti radical a su se repositionner et changer son équipe dirigeante après les élections de 1999. Il fait à nouveau figure de défenseur de l’élite économique.

La situation semble par contre assez paradoxale en ce qui concerne les socialistes. Traditionnellement, ce parti veut se soucier des «petites gens». Or, il ne semble pas spécialement faire le plein de voix parmi ceux qui devraient justement constituer son électorat: les retraités, les petits revenus, les personnes peu qualifiées.

Mais pour Claude Longchamp, cet apparent paradoxe s’explique: «Cette situation changerait tout de suite si les étrangers avaient le droit de vote, car les couches sociales que le PS défend sont en majorité constituées d’étrangers. C’est le facteur déterminant qui explique pourquoi le profil du PS suisse est très spécial comparé à celui des autres partis socialistes européens.»

swissinfo/Olivier Pauchard au Palais fédéral

Articles mentionnés

En conformité avec les normes du JTI

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Joignez-vous à la discussion

Partager cet article

Changer le mot de passe

Souhaitez-vous vraiment supprimer votre profil?