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Une valise pleine de rêves

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Depuis 25 ans en Suisse, la Brésilienne Samaritana Pasquier parle d’un «long processus d’intégration» dans un pays plus différent de ce qu’elle imaginait. Cette ethnologue, qui a désormais le passeport à croix blanche, relate ses expériences dans un livre écrit en français et intitulé «Suis-je devenue suisse?». Une question loin d’être simple...

Ce contenu a été publié le 29 avril 2013
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Samaritana Pasquier est née à São Luís (Nord-Est du Brésil), dans une famille défavorisée comptant 16 enfants. Le sentiment de faim n’y était pas rare. Dans son livre, elle raconte notamment qu’à l’âge de 7 ans, elle pliait son bras et avait alors l’impression d’avoir une baguette parisienne devant elle.

Destin

Elle commence son récit en se souvenant de ses origines humbles et de toutes les difficultés que sa famille a dû affronter. Le destin prend finalement la forme d’une amie suisse qui travaillait avec les communautés pauvres au Brésil et qui lui donne la possibilité de séjourner une première fois en Suisse, en 1985.

Trois ans plus tard, toujours avec l’aide de cette amie, Samaritana Pasquier, alors âgée de 30 ans, retourne en Suisse, mais cette fois avec un billet aller simple. Une bourse d’étude accordée par la Confédération lui permet de suivre une formation à l’Institut universitaire d’études du développement (IUED) de Genève.

D’autres raisons, comme un travail ou une relation sentimentale, expliquent aussi que des étrangers veuillent s’installer en Suisse. L’ethnologue rappelle cependant qu’il existe beaucoup d’illusions de l’autre côté de l’Atlantique. «Migrer, c’est mettre ses rêves d’une vie meilleure dans sa valise. On pense qu’ici tout est très facile, qu’il suffit de venir en Suisse pour les réaliser.»

Mais il faut être conscient que beaucoup de migrants ne réalisent pas leurs rêves et sont confrontés à beaucoup de difficultés. «Il faut faire attention aux facilités offertes pour venir en Suisse. Je connais des Brésiliennes qui sont venues avec des contrats d’artiste et qui ont fini dans l’exploitation sexuelle», avertit-elle.

divulgaçao

Question complexe

Vivant en Suisse, où elle s’est mariée et a eu deux filles, et étudiant avec des personnes en provenance du monde entier, Samaritana Pasquier se familiarise peu à peu avec la culture suisse, avec ses us et coutumes. L’ethnologue observe l’importance du respect des règles et la manière dont cela influence un certain «inconscient collectif» du pays.

«Au Brésil, lorsque nous voulons demander quelque chose, nous commençons en disant poliment s’il vous plaît (por favor). Ici en Suisse, on ne peut pas commencer sans dire bonjour, même de manière sèche, faute de quoi on est considéré comme quelqu’un de mal éduqué, et cela même si l’on formule sa demande de la voix la plus douce possible. Les gens vivent la différence dans des gestes simples de la vie quotidienne. Quand on n’y est pas attentif, il peut y avoir un choc culturel», décrit-elle.

Après plus de vingt ans en Suisse, la Brésilienne commence alors à ressentir la nécessité de savoir qui elle est vraiment. «Quelle est ma véritable identité? Suis-je devenue suisse?» Cette dernière question a fini par devenir le titre du livre qu’elle a écrit pour tenter de répondre à ces questions existentielles.

Samaritana Pasquier estime qu’il est difficile de répondre par un simple oui ou non, car la question est beaucoup plus complexe. L’intégration, à ses yeux, est un apprentissage perpétuel. Elle souligne notamment l’importance du respect des règles en vigueur à l’endroit où l’on vit. Elle estime cependant qu’il est essentiel de conserver une liberté intérieure afin d’être soi-même.

Importance de la citoyenneté

«Cette question m’a amenée à analyser toutes les étapes que j’ai vécues et qui m’ont aidée à réaliser que je suis devenue une citoyenne. L’important, pour moi, n’était pas de devenir suisse, mais de devenir une citoyenne à part entière», explique-t-elle.

Pour devenir une citoyenne suisse, le plus important n’est pas de savoir faire une bonne fondue ou d’aimer skier – des choses qu’elle adore par ailleurs –  mais pouvoir élire et être élue, avoir les droits politiques. Elle-même est politiquement active dans sa commune de Villars-sur-Glâne, dans la banlieue de Fribourg. Mais pour cela, il est essentiel d’avoir le passeport suisse.

«Au final, tu as le passeport, mais d’autres ici te verront toujours comme un immigrant. Je l’ai compris et cela ne me gêne pas. L’important est d’aller au-delà de ça, d’être ouvert pour recevoir l’autre.»

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