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De l’apprenti sorcier aux baleines volantes

Soixante ans après «Fantasia», les hallucinations musicales des Studios Disney nous reviennent avec «Fantasia 2000», qui arrive sur les écrans suisses dès le 31 mai. Le public neuchâtelois a pu découvrir cette symphonie d’images en avant-première.

Ce contenu a été publié le 29 mai 2000 minutes

D’aucun se sont demandés s’il était vraiment cohérent de conclure un festival fantastique par «Fantasia 2000». Si le Fantastique est perçu exclusivement comme un genre sulfureux, en rupture avec la morale, la réponse est non. Si le Fantastique est plus généralement une porte ouverte sur l’imaginaire et sur l’ailleurs, la réponse est oui.

«Fantasia 2000» est kitsch, indéniablement. Mais pas plus que la lune brillant dans un ciel de cauchemar, ou que le torrent de sirop de framboise s’échappant d’un zombie éventré. Un autre kitsch, tout simplement, dopé par les extraordinaires moyens technologiques dont l’animation bénéficie aujourd’hui.

A l’époque de sa sortie, «Fantasia» avait fait un bide. Est-ce pour cela que Walt Disney n’avait pas donné suite à son idée, qui était d’ajouter régulièrement de nouvelles séquences à son film? Mystère. Quoi qu’il en soit, et au vu du succès qu’a connu ultérieurement «Fantasia», ne serait-ce que par les ventes de cassettes, voici que Roy Edward Disney, le neveu d’Oncle Disney, s’est lancé à l’eau. 1200 artistes, animateurs et techniciens ont travaillé à «Fantasia 2000» pendant de nombreuses années. Le Chicago Symphony Orchestra et ses 110 musiciens en ont assuré la partie sonore.

A par «L’apprenti-sorcier», où Mickey lutte contre une inondation due à des balais malfaisants, tout est neuf dans «Fantasia 2000». Dans cette suite, Donald répond d’ailleurs à Mickey en gérant les pharaoniques embarquement et débarquement d’une arche de Noé ventrue, sur fond de «Pomp and Circumstance Marches» signées Edward Elgar.

En ouverture du film, des papillons stylisés virevoltent dans un ciel d’orage, rendu franchement tempétueux grâce à la cinquième symphonie de Beethoven. Plus tard, la «Rhapsody in Blue» de Gershwin, nous emmène parcourir un New-York fait de lignes claires, alors que «Le carnaval des animaux» de Saint-Saëns développe le génie du yo-yo chez un flamant rose franchement allumé.

En guise de final, on rencontre Stravinsky, et le combat très moral de l’Esprit du Printemps, aidé d’un vieil élan solitaire, contre les ravages causés par «L’oiseau de feu»: la lave d’un volcan très vindicatif.

Moi-même, je resterai sur l’image de ces baleines voguant au gré des «Pins de Rome» de Ottorino Respighi, voguant puis volant, et nous amenant soudain à nous demander où est la mer, où est le ciel, et si ce que nous prenons pour le ciel n’est pas autre chose que le ciel. Mais c’est personnel, n’est-ce pas? Comme les rêves. Ou les hallucinations. A propos… les cadres de Disney ne feraient-ils pas bien de surveiller ce que fument leurs employés?

Bernard Léchot

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