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De jeunes militaires sur la sellette

Les soldats doivent-ils renoncer à sortir en uniforme? Keystone Archive

Une recrue vient d'être tabassée à Neuchâtel. Cette énième attaque laisse planer un doute. S'agit-il d'agressions crapuleuses ou des délits d'uniforme?

Ce contenu a été publié le 19 février 2002 minutes

Une chose est sûre. Il ne fait pas bon être jeune militaire par les temps qui courent. Une recrue a de nouveau été agressée. Trois inconnus l'ont rouée de coups, dimanche soir à Neuchâtel, avant de lui dérober son porte-monnaie.

Transporté à l'hôpital où il a rapidement repris conscience, le jeune homme a expliqué qu'il avait été attaqué par-derrière, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la caserne de Colombier.

Plusieurs enquêtes sont en cours

La recrue a-t-elle été victime d'une agression crapuleuse ou d'un délit lié au port de l'uniforme? Pour l'instant, il est impossible de répondre clairement à cette interrogation. Plusieurs enquêtes sont encore en cours, suite à des incidents similaires.

En effet, une demi-douzaine de recrues ont été blessées l'année dernière à Aarau, Payerne et Winterthur, lors d'agressions analogues.

Bien sûr, l'armée déplore ces violences. Mais elle se refuse à tirer des conclusions hâtives. «Ce genre d'incident s'inscrit dans la vague de violence gratuite qui touche l'ensemble de la société», martèle Jean-Luc Piller.

«Rien ne permet d'affirmer que ces attaques visent spécialement l'armée en tant qu'institution», précise le porte-parole des Forces terrestres.

Il n'est donc pas question de prendre des mesures particulières autres que préventives. C'est, du reste, ce qui a été fait depuis l'été dernier. Les instructeurs sensibilisent les jeunes recrues à la manière de réagir en cas d'agression.

Il leur est recommandé de sortir en groupe et de ne pas répondre à la violence par la violence, de s'entraider et d'appeler la police.

Pas de sprays au poivre

En dehors de ce code de conduite, les jeunes recrues n'auront donc pas le droit d'utiliser des sprays de défense au poivre. Les représentants de l'armée sont catégoriques.

Cette position de principe est saluée par André Kuhn. «La multiplication des armes sur le marché conduit toujours à une recrudescence générale de la violence», souligne le criminologue.

«De plus, précise André Kuhn, les sprays finiront toujours par tomber dans les mains des malfaiteurs. Ce qui risque d'enlever à ces aérosols leur caractère d'autodéfense.»

La solution de facilité serait d'autoriser les jeunes recrues de s'habiller en civils le temps d'une permission. C'est ce que suggère André Kuhn. «Si l'on considère que c'est l'armée elle-même qui est visée, il faudrait faire en sorte que les jeunes militaires ne soient plus identifiables.»

Mais cette idée n'est pas à l'ordre du jour. «Notre armée est une armée de milice, issue du peuple, déclare Jean-Luc Piller, elle n'a donc aucune raison de se cacher ou de se gêner de porter son uniforme.»

Vanda Janka

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