Daniel Schmid au Jeu de Paume
Une rétrospective de l'oeuvre du Grison Daniel Schmid, le plus important cinéaste suisse de l'histoire, est présentée à Paris.
C'est l'occasion de revoir en un mois tous les temps forts qui ont balisé le parcours cet homme d'exception. Et ce du 19 octobre au 18 novembre. Après s'être intéressé à Richard Dindo (1994), Jean-Luc Godard (1997) et Anne-Marie Miéville (1998), c'est avec Daniel Schmid que la Galerie d'art national contemporain du Jeu de Paume poursuit sa collection de portraits de cinéastes helvétiques.
Les 14 films réalisés par Daniel Schmid seront projetés: de «Thut alles im Finstern eurem Herrn das Licht zu eersparen» en 1971, à «Beresina oder Die letzten Tage der Schweiz», sa comédie satirico-burlesque sortie en 1999, en passant par quelques œuvres désormais classiques: «La Paloma», «Violanta», «Hécate», «Jenatsch» ou «Hors Saison».
La mémoire et ses couleurs
Daniel Schmid est né en 1941, dans les Grisons, et a poussé dans l'hôtel familial, le «Schweizerhof» de Flims, retranscrit en 1991 dans «Hors Saison», son film le plus personnel, au sens biographique du terme. «La mort a touché ma vie très tôt par le fait que mon père est décédé quand j'étais tout petit», expliquait alors Daniel Schmid, donnant ainsi un éclairage à une bonne partie de son œuvre.
«J'ai passé mon enfance avec les vivants, des femmes surtout, et les photos des morts. Ma grand-mère croyait beaucoup aux esprits, et elle disait toujours: quelqu'un est mort seulement quand il est complètement oublié, quand la mémoire n'est plus là. Quelqu'un reste vivant tant qu'on parle de lui, même si cela devient une légende.
La mémoire, et la ré-interprétation inhérente au récit sont incontestablement deux pôles importants de l'œuvre de Daniel Schmid: «Aujourd'hui, c'est très rare que les gens parlent de ce qu'ils connaissent, parce qu'on est bombardé d'informations. Quand je vois un film, je sens tout de suite si l'auteur parle de quelque chose de personnel, de quelque chose qui est lui, ou non.»
«Tout ce qu'on voit est mis dans une boîte, qui a déjà sa propre structure, qui a un conscient, un subconscient... Mais les mémoires ne sont jamais pareilles. Chacun se souvient différemment, et colore différemment. Car se souvenir, c'est aussi colorer... »
Du cinéma à l'opéra
Le goût pour l'image et le rêve est primordial chez le réalisateur grison. Lui qui avoue avoir été à l'école de Babar, Mickey et Tintin s'est, parallèlement au cinéma, passionné pour l'opéra. A Paris, le public pourra découvrir ses différentes mises en scène sur cassette vidéo («Guglielmo Tell» de Rossini, «Linda di Chamonix» de Donizetti, «Beatrice di Tenda» de Bellini etc.)
Daniel Schmid sera présent au Jeu de Paume le 23 octobre. Un entretien public entre Freddy Buache, l'ancien directeur de la Cinémathèque suisse, et le réalisateur, fera suite ce soir-là à la projection du documentaire «Il Bacio di Tosca».
Bernard Léchot

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