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Une voix de la chanson romande s'est tue

Chanteur engagé, Michel Bühler s’était notamment battu en faveur du droit d’asile, comme ici lors d’une campagne de votation en 2006. Keystone / Peter Schneider

L’artiste vaudois Michel Bühler est décédé lundi matin au CHUV à Lausanne à l’âge de 77 ans, a annoncé mardi son entourage. Né à Berne le 30 avril 1945, il était à la fois chanteur, écrivain, acteur, poète, compositeur et dramaturge.

Ce contenu a été publié le 08 novembre 2022
Olivier Horner, RTS Culture

Après ses études secondaires à Sainte-Croix, Michel Bühler a fréquenté l’école normale à Lausanne où il obtient son brevet d’instituteur en 1965. Il enseigne pendant quatre ans, puis, dès 1969, à l’âge de 24 ans, il décide de se consacrer à la chanson en signant Helvétiquement vôtre. Avant d’aller tenter sa chance en France dans les années 1970.

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Jusqu’à son dernier album, Rouge, publié en novembre de l’année dernière, celui qui a enregistré ses premiers disques sur le même label que François Béranger et Gilles Vigneault a écrit et composé plus de 250 chansons et est l’auteur de plus d’une vingtaine de romans, essais et pièces de théâtre.

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Fils spirituel de Gilles auquel ses détracteurs reprochent un côté «père la morale», Bühler n’a cessé de raviver les flammes d’une écriture s’articulant entre saines colères, élans humanistes, souffle naturaliste et régionaliste ou ironie mordante. Les chansons les plus significatives de son répertoire se nomment Rue de la Roquette, Ainsi parlait un vieil Indien, La vieille dame, Vulgaire ou Le pays qui dort, qui décrivait avec ironie une Suisse très conformiste et étriquée.

Envisager son métier de chanteur telle la pratique du journalisme

En 2008, dans un bel ouvrage-stèle de 3,3 kilos, Michel Bühler avait rassemblé ses 195 chansons écrites depuis 1969. L’occasion d’établir pour le chanteur-artisan de L’Auberson une forme de bilan de carrière. Du moins de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur en revenant sur un parcours au long cours, mais en dents de scie, durant lequel il a pu garder finalement le cap en alternant les genres artistiques: romans, pièces de théâtre, spectacles musicaux. «Si je n’avais eu que la chanson, malgré les ventes de disques et les concerts réguliers en francophonie, cela fait longtemps que je serais mort de faim!», disait-il alors.

«Rasez-les Alpes (qu’on voie la mer!)», a chanté un jour Bühler. Quand la suissitude se double d’ouverture au monde, cela pourrait bien résumer cet homme qui disait envisager son métier de chanteur telle la pratique du journalisme: «Dans mon rêve, si quelqu’un a envie dans cinquante ou cent ans de voir ce qui s’est passé pendant la fin du 20e et le début du 21e siècle, cela me ferait plaisir qu’il aille relire mes chansons. Pour leur témoignage sur une époque, à la manière des articles de presse.» Sa chronique chantée intitulée La Boillat vivra illustre ainsi les dégâts de la mondialisation sur le tissu ouvrier helvétique. Alors que Tribulations d’un chanteur en Suisse reflète peut-être le désarroi des voix d’ici face aux médias et les dures réalités et bassesses du show-business.

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Il serait pourtant cruel de confiner Bühler aux frontières du terroir. L’artiste est souvent allé s’oxygéner ailleurs. Que ce soit aux côtés du bourlingueur Frank Musy ou pour son propre compte, ses vagabondages au Nicaragua, en Palestine, au Sahara ou en Malaisie n’auront pourtant pas inondé complètement son répertoire pour autant. Mais ils ont permis au moins d’affirmer que Bühler, ce n’est pas que L’Auberson et ont peut-être permis à certains d’ouvrir les yeux sur les soubresauts du monde.

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