Crossair s'effondre en Bourse
Le crash de samedi rend plus problématique le lancement d'une nouvelle compagnie nationale. Les investisseurs sont inquiets. L'action de Crossair a perdu 10%.
Décidément, le sort s'acharne sur l'aviation suisse. Après la faillite de Swissair, les avions bloqués au sol, les attentats terroristes et les grèves des employés, la catastrophe de samedi pourrait porter un coup fatal à la future Crossair Plus qui doit naître de la reprise de la flotte de Swissair.
Perte de confiance des clients
Suite à un accident aérien, les experts estiment que, dans un premier temps, le taux de remplissage des avions de la compagnie impliquée chute d'environ 25%. Il faut deux ou trois mois avant que les passagers retrouvent leur confiance dans la société. La future Crossair Plus, qui est déjà financièrement sur la corde raide, ne pourra pas survivre à une désaffection aussi longue de ses clients.
Rappelons que le plan de sauvetage prévoit l'intégration des deux tiers de la flotte de la défunte Swissair dans la compagnie bâloise Crossair. La future Crossair Plus reprendra dès mars prochain 26 avions long-courriers (sur 35) et 26 avions court-courriers (sur 41) de Swissair.
Après la débâcle de ces dernières semaines, la situation était en train de redevenir acceptable, même si le «Jumbolino» qui s'est écrasé à Zurich-Kloten n'était remplis qu'à 35%, loin du seuil de rentabilité qui en général se situe au-delà de 60%. Il y a encore deux ans, Crossair affichait des taux d'occupation de plus de 80%.
Désormais il s'agit de savoir quel sera l'impact concret de ce crash sur la rentabilité de la nouvelle compagnie. Si l'enquête conclut à une faute de pilotage ou à un défaut de maintenance, les passagers pourraient déserter durablement Crossair et conduire à la faillite le plan de lancement de Crossair Plus.
Gérer la communication
Une hypothèse que la Bourse n'exclut pas puisque, lundi, le titre Crossair perdait près de 4% à 259 francs. En début de matinée, l'action était même en recul de 11% comparé au cours de vendredi. Depuis janvier, le titre de la compagnie bâloise a perdu environ 40% de sa valeur.
Pour Crossair, il s'agira de réussir dans sa communication de crise et de limiter l'impact psychologique de cet événement. Dans le passé, plusieurs compagnies régionales n'ont pas survécu à des crises mal gérées.
Reste que, déjà passablement mise en doute par les experts, la variante 26/26, qui doit permettre d'assurer le maintien des dessertes intercontinentales et de sauver un maximum d'emplois, apparaît de plus en plus théorique.
Cité par l'ats, Pierre Condom, directeur de la revue «Interavia», est sceptique. «Crossair a misé sur l'option maximale. Si elle reprend 52 appareils à Swissair, elle dépassera les 130 avions ce qui en ferait la quatrième compagnie en Europe, après British Airways, Lufthansa et Air France», note ce spécialiste.
Luigino Canal

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