Contrôleurs aériens civils et militaires s'apprêtent à cohabiter
Dès 2002 les aiguilleurs du ciel suisse commenceront à travailler côte à côte. Coup d'oeil sur une intégration délicate.
La gestion du ciel suisse, étroit mais très fréquenté, devenait un casse-tête. Chaque année les survols, décollages et atterrissages ne cessaient d'augmenter. En 1999, l'encombrement fut même spectaculaire alors qu'en même temps les forces aériennes craignaient de perdre leur espace vital minimum.
D'où la décision prise dans la foulée par le gouvernement fédéral de placer l'organisation du trafic aérien suisse sous une seule et unique autorité, à savoir Skyguide, nouvelle société anonyme dans laquelle l'État fédéral reste majoritaire.
Le message officiel est que cette unification doit se réaliser avec précaution, par étapes et dans le respect de certaines priorités. Mais l'objectif visé est net: il faut augmenter les capacités de l'espace aérien suisse et dégager un maximum de synergie.
L'intégration prendra du temps
Dès janvier 2002 - date-clef - Skyguide va regrouper les contrôleurs aériens suisses sous un même toit. Les «militaires» (une bonne centaine, y compris des contrôleurs tactiques) vont rejoindre leurs homologues du contrôle civil.
La mise en place de cette cohabitation inédite va toutefois prendre quelques années. «Il faudra d'abord faire cohabiter des cultures de travail différentes», nous dit Urs Ryf, responsable du projet intégration de Skyguide.
Il est aussi d'avis qu'il fallait réaliser cette intégration au plus vite, même si nombre de problèmes ne sont pas encore résolus. Et de citer l'harmonisation des pensions et des salaires (les «militaires» gagnaient jusque-là 40 à 50% de moins que les civils), ainsi que la négociation d'un contrat collectif de travail commun aux deux catégories de personnel.
L'intégration des services de contrôle aérien implique également une mise en commun des technologies. Or tant l'ancienne société civile Swisscontrol que les forces aériennes ont récemment acquis de nouveaux outils performants. Dans un premier temps, il s'agira donc de créer des interfaces nécessaires à la coordination du travail.
Des synergies de plus en plus nécessaires
Avec «Florako», un système qui permet de détecter tout ce qui vole, les militaires disposent par exemple d'un outil sophistiqué mais hors de prix. Les contrôleurs civils n'auraient jamais les moyens de se l'offrir.
«Jusqu'au 11 septembre, commente Urs Ryf, on se disait que les civils n'en avaient de toute façon pas besoin puisqu'en principe les avions commerciaux s'identifient d'office. Mais depuis les attentats de New York, c'est une question qui se discute.» La mise en synergie des systèmes de contrôle civils et militaires est l'une des réponses possibles.
S'agissant du financement, Urs Ryf constate qu'il reste là aussi plusieurs points en suspens. Mais une chose est certaine: «on séparera strictement les coûts militaires et civils, tous les services que Skyguide fournira aux forces aériennes leur seront facturés».
D'ailleurs, ajoute-t-il, si la Suisse peut se lancer dans ce regroupement, c'est grâce à son système d'armée de milice. Il est vrai en effet que dans bien des pays européens, la collaboration avec les autorités militaires nationales, voire avec l'OTAN, ne bénéficie pas toujours du même cadre propice à la cohabitation.
A terme, les centres de Genève et Zurich (en principe à Dübendorf) devraient se répartir la gestion du ciel suisse: le premier pour les appareils qui survolent la Suisse, le second pour les forces aériennes. Avec, de part et d'autre, le contrôle du trafic autour des deux aéroports internationaux concernés.
Bernard Weissbrodt

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