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Comment soigner l'assurance maladie

La santé coûte chaque année 16.5 milliards de francs en Suisse, dont 6 milliards uniquement pour les hôpitaux. Keystone

Mercredi, le gouvernement se met au vert. L'occasion pour Ruth Dreifuss de présenter à ses collègues ses remèdes pour l'assurance maladie.

Ce contenu a été publié le 22 mai 2002

Entre la deuxième révision de la Loi sur l'assurance maladie (LAMal), les propositions des partis, des syndicats et du patronat, tout le monde a sa petite idée sur la manière d'alléger des coûts de la santé qui ne cessent de flamber.

Ajoutez-y l'initiative déposée par le Parti socialiste - qui veut instaurer des primes proportionnelles au revenu et à la fortune - et celle de l'UDC - qui promet des réductions de 20% en réduisant le catalogue de prestations de l'assurance de base.

Il faut désormais être un expert confirmé pour dénicher la vraie bonne idée au milieu de cette foison de propositions.

Pendant ce temps, l'assuré-contribuable n'a qu'une seule certitude à laquelle s'accrocher: les primes qu'il paye ont augmenté, augmentent et augmenteront encore.

Pour preuve, il y a quelques semaines, la Supra obtenait l'autorisation de majorer la facture de ses assurés de 10% à 15% dès le 1er juillet. Depuis l'instauration de la LAMal en 1996, c'est la première fois que l'on voit une aussi grande caisse recourir à cette mesure d'urgence en cours d'année.

Pour preuve encore, début 2002, les primes ont bondi de 9,74% en moyenne. Et les caisses viennent de nous avertir que la hausse pour l'année prochaine pourrait dépasser les 10%.

Le temps de la réflexion

C'est dire si le sujet LAMal est chaud. Très chaud même. Pourtant, ce n'est pas en urgence que le Conseil fédéral a décidé de s'arrêter quelques heures sur ce dossier.

En effet, la séance de mercredi est planifiée depuis le mois de janvier. En jargon fédéral, on nomme cela un «conclave». En clair, plusieurs fois par année, les sept Sages quittent les murs du Palais pour aller débattre en d'autres lieux de l'un ou l'autre sujet d'actualité.

Généralement, ce genre de réunion se tient dans la capitale. Mais, cette fois, c'est la Chartreuse d'Ittingen, en Thurgovie, qui lui sert de cadre. Et la LAMal n'est pas seule au menu de ce «conclave». Le Conseil fédéral doit en effet aussi se pencher sur la mise en œuvre de l'entrée de la Suisse à l'ONU.

Ruth Dreifuss est isolée

Cela dit, que va dire Ruth Dreifuss à ses collègues? A la veille de la réunion, tant la ministre de la Santé que la porte-parole de son Département Suzanne Auer observaient «un moratoire total sur les interviews». Il y a dix jours, toutefois, la presse dominicale a déjà publié l'essentiel des propositions de la conseillère fédérale.

Dans ce dossier, on sait en effet que Ruth Dreifuss souffre de sa position de minoritaire. Au mois de janvier, la ministre socialiste s'est vue une fois de plus opposer une fin de non-recevoir à certaines de ses idées.

Ainsi, ses collègues bourgeois n'ont pas voulu utiliser les subsides fédéraux non réclamés par les cantons pour alléger les primes des familles de 300 francs par an et par enfant. Refusée également, la création d'un pool, financé par les caisses maladie, pour la prise en charge des patients à risques.

Ces refus n'empêcheront pas Ruth Dreifuss de revenir à la charge, mais sous une forme édulcorée. Le Conseil fédéral a, en effet, promis d'accompagner «de façon plus active» sa ministre de la Santé dans la gestion de ce dossier.

Quelques concessions

Ruth Dreifuss n'a jamais caché que le système des primes proportionnelles au revenu avait ses faveurs. Inacceptable pour la droite, cette idée devrait néanmoins refaire surface, au minimum sous la forme d'une limite annuelle à ne pas dépasser.

Dans ce domaine, le Conseil des Etats a déjà tendu une perche à la ministre de la Santé. Dans le cadre de la deuxième révision de la LAMal, il a en effet décidé que personne ne devrait consacrer plus de 8% de son revenu imposable à ses primes d'assurance maladie.

Ruth Dreifuss est également décidée à faire quelques pas en direction des partis bourgeois et des assureurs. Par exemple, en acceptant que les caisses puissent limiter le libre choix du médecin, au moins pour certaines spécialités.

Les praticiens qui poussent leurs patients à des traitements trop coûteux et peu raisonnables seraient ainsi éliminés du système de remboursement automatique.

Pas de solution-miracle

Quoi qu'il en soit, ce conclave d'Ittingen ne débouchera ni sur une solution-miracle ni sur la promulgation d'arrêtés fédéraux urgents. Selon la formule de Suzanne Auer, il s'agit avant tout pour Ruth Dreifuss «de donner à ses collègues une vue d'ensemble du dossier».

Car si l'inquiétude des assurés et l'impatience des médias s'expriment presque chaque jour, du strict point de vue du calendrier politique, la prochaine échéance n'est que pour cet automne. Ce sera à l'occasion de l'examen par le Conseil national de la seconde révision de la LAMal.

swissinfo/Marc-André Miserez

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