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Vivre & vieillir

Comment garantir les retraites de la prochaine génération

Empêcher l’effondrement du système des retraites à long terme est un impératif commun à de nombreux États. Pour ce faire, la Suisse se heurte toutefois à un obstacle supplémentaire: la démocratie directe. Un vrai casse-tête. 

Ce contenu a été publié le 01 novembre 2022 - 17:30
Corinna Staffe (illustration)

Après des décennies de bataille acharnée, le peuple suisse a finalement voté pour augmenter l'âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, à l'égal des hommes. Il a été convaincu par l'urgence de prendre des mesures afin de maintenir le niveau des rentes vieillesse. Mais le «oui» a été timide, avec seulement 50,5% des voix, et le scrutin a révélé deux fractures majeures au sein du pays: entre femmes et hommes d'abord, entre cantons latins et alémaniques ensuite.

Comme beaucoup d'autres pays, la Suisse voit son système des retraites affaibli par la hausse de l'espérance de vie: le nombre de personnes actives n'est plus assez élevé par rapport au nombre de rentiers et rentières. Les autorités prévoient que les comptes de l'assurance-vieillesse ne seront plus équilibrés à partir de 2032, malgré l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes.

Pourtant, le système helvétique se caractérise par sa diversité parce qu'il repose sur trois «piliers»: l'assurance-vieillesse et survivants (AVS), la prévoyance professionnelle (LPP) et la prévoyance individuelle (3e pilier). L'AVS est censée assurer le minimum vital et est obligatoire pour toutes et tous, la LPP est prévue pour garantir le niveau de vie antérieur et est imposée à toutes les personnes salariées, le 3e pilier est une épargne privée facultative et fiscalement avantageuse.

Le système des trois piliers ne remplit toutefois pas ses promesses, car les pensions versées par l'AVS ne suffisent pas pour vivre et de nombreuses personnes retraitées doivent avoir recours à des prestations complémentaires de l'État. De plus, les femmes et les bas revenus sont sous-représentés dans le 2e pilier, ils bénéficient donc d'une rente généralement plus basse. Si les finances de l'assurance-vieillesse souffrent particulièrement de la hausse de l'espérance de vie, celles de la LPP subissent les turbulences du marché: une mauvaise conjoncture peut rapidement plomber le rendement des placements des caisses de pension.

Pour atténuer les inégalités à la retraite et faire face à l'évolution démographique de la société, les autorités suisses ont entamé plusieurs réformes, à l'image de nombreux États. Mais la démocratie directe helvétique et la complexité du système ralentissent le processus. Une révision de l'AVS prévoyant notamment une hausse de l'âge de la retraite des femmes a été refusée par le peuple en 2004. Un nouveau projet modifiant à la fois le fonctionnement du 1er et du 2ème pilier, avec toujours l'objectif de repousser la retraite des femmes, a encore une fois été balayé dans les urnes en 2017.

Ce n'est qu'en septembre 2022 qu'une énième révision de l'AVS est finalement acceptée en votation populaire, avec à la clé un relèvement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et cette fameuse augmentation de l'âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Une petite révolution au sein de la Confédération, alors que la plupart des pays industrialisés ont depuis longtemps retardé la retraite et aboli les différences d'âge entre les sexes.

L'augmentation en Suisse de l'âge de la retraite des femmes n'est qu'une première étape: le chemin s'annonce encore long pour pérenniser l'ensemble du système. Car la révision de l'AVS adoptée par le peuple ne résout pas durablement les problèmes financiers de l'assurance-vieillesse et n'atténue pas les inégalités. Une nouvelle réforme du 1er pilier s'annonce d'ores et déjà inévitable.

Au niveau du 2e pilier, une révision est en cours mais elle soulève de nombreuses critiques et divise profondément les partis de gauche et de droite. Les retraites seront encore l'enjeu d'une multitude de débats et de votations populaires ces prochaines années.

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