Ce violon qui divise le Valais
Deux concours internationaux de violon se déroulent en août à Sion. Les deux au nom de Tibor Varga. L'image culturelle suisse en est-elle pour autant affectée?
Le 39e Concours international de musique de Sion-Valais a débuté mardi. Il dure jusqu'au 10 septembre. Son Concours international de violon se tiendra du 15 au 26 août. Ce festival et son concours sont juridiquement les descendants de l'ancien Festival et Concours Tibor Varga.
Or, dans cette même Ville de Sion, et au cours de ce même mois d'août, du 9 au 17, se déroule le 36e Concours international de violon Tibor Varga, nouvellement créé par Me Tibor Varga, 81 ans.
Ville et canton embarrassés
«Il est évidemment bizarre d'avoir dans une même ville de Suisse et d'Europe deux concours internationaux de violon, alors qu'il n'en existe que quelques-uns dans le monde».
Le Président de la Ville de Sion, François Mudry, précise encore que la Capitale sédunoise soutient officiellement le Concours émanant du Festival international de musique Sion-Valais. Tout en offrant des locaux et structures au nouveau Concours de violon Tibor Varga.
Même embarras à l'échelon de l'Etat du Valais. Son conseiller culturel Karl Salzgeber a partagé la participation financière cantonale destinée aux prix en attribuant 5000 francs à chacun des deux concours de violon.
«Nous regrettons que Tibor Varga, autrefois grand inspirateur du violon à Sion et en Valais, nous ait présenté sa démission en octobre 2001, note François Mudry, puis qu'il ait décidé de recréer son propre concours».
Différends dans la direction
«En octobre 2001, Me Tibor Varga a claqué la porte de l'organisation dont il était le fondateur, explique Pierre Menegale, vice-président de l'actuel Concours Tibor Varga, parce qu'il s'est senti exclu de la nouvelle orientation prônée depuis l'arrivée du nouveau président Jean Bonvin».
Dans le camp adverse, Fabienne Gapany, secrétaire générale du Festival international de musique Sion-Valais, explique que, «lorsque le musicien d'envergure internationale, Shlomo Mintz, est devenu la nouvelle tête pensante de la manifestation, début 2002, Tibor Varga a fait savoir qu'il désirait réintégrer notre comité...»
Et cela même s'il avait précédemment annoncé vouloir organiser un festival/concours de violon hors des frontières helvétiques.
Et alors même que les dettes (500 000 francs) de son ancien festival et concours avaient été absorbées par les nouveaux sponsors du Festival et Concours international Sion-Valais.
Un seul concours pour le monde
Reste que la Fédération mondiale des concours internationaux de musique a demandé aux deux actuels concours de violon à Sion de trouver un arrangement pour 2003, afin de n'avoir à reconnaître qu'un seul concours.
Vincent Pellegrini, journaliste pour la musique classique au quotidien Le Nouvelliste ne voit pas ces deux concours comme un enrichissement: «dans une ville qui veut se positionner comme capitale du violon, deux concours sur le même instrument, c'est implicitement deux philosophies qui s'affrontent».
«Cet état de fait ne nuit pas. Mais il brouille l'image culturelle de Sion et de la Suisse. Car il en va de la crédibilité des concours de violon».
«Cela d'autant que le Concours international de violon Tibor Varga était jusqu'alors l'un des seuls au monde à avoir lieu chaque année».
HES en jeu
Vincent Pellegrini ne voit pas l'avenir en rose, car il doute fort que Me Tibor Varga daigne concéder quelques concessions. «D'autant qu'avec son Ecole supérieure de musique, il a des atouts non négligeables pour permettre au Valais d'obtenir le label de Haute école spécialisée (HES)».
swissinfo/Emmanuel Manzi

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