Berne clôt le délicat dossier Zaoui
Deux ans et demi après son expulsion de Suisse vers le Burkina Faso, l'islamiste Ahmed Zaoui ne représente plus aucune charge pour la Confédération. L'Algérien a désormais quitté ce pays africain où la Suisse s'était engagée à assumer ses frais de séjour. Elle aura tout de même dû débourser quelque 170 000 francs dans cette affaire sans précédent dans les annales fédérales.
Ahmed Zaoui a quitté le Burkina Faso en janvier dernier mais la Suisse n'en a été informée que ces derniers jours, selon le porte-parole du Département fédéral de justice et police (DFJP) Viktor Schlumpf. L'accord passé entre Berne et Ouagadougou lors de l'expulsion de l'islamiste, selon lequel la Suisse prenait en charge ses frais de séjour, n'est donc plus d'actualité.
Pour Berne, le départ de Zaoui du Burkina Faso met en principe un point final à une affaire qui aura été complexe et embarrassante. Professeur en droit coranique et élu du Front islamique du salut (FIS) en Algérie, M. Zaoui a été condamné à mort dans son pays, pour appartenance au Groupe Islamique Armé (GIA), dont il aurait été l'un des principaux responsables en Europe. Une accusation qu'il a toujours niée. Condamné en Belgique pour association de malfaiteurs, Ahmed Zaoui était venu clandestinement en Suisse et avait déposé une demande d'asile le 3 novembre 1997 à Genève.
Attribué au Valais, l'islamiste algérien avait ensuite été assigné à résidence dans un appartement de Sion. Les autorités avaient ensuite saisi son télécopieur et limité ses activités sur Internet où Ahmed Zaoui avait fondé le Bureau provisoire du «Conseil de coordination du Front islamique de salut».
Finalement, estimant que son séjour en Suisse représentait un risque considérable pour la sécurité le Conseil fédéral a décidé d'expulser Ahmed Zaoui, rendant du coup irrecevable la demande d'asile de celui-ci et de sa famille.
La Belgique ayant refusé de le reprendre et la France n'ayant jamais déposé de demande d'extradition, la Suisse l'a finalement embarqué dans un avion à destination du Burkina Faso, pays avec lequel la Confédération avait passé un accord comme quoi elle prendrait à sa charge les frais de séjour de l'islamiste algérien.
Au terme d'un an de séjour dans ce pays, Zaoui avait déjà coûté un peu plus de 145.500 francs, transfert et hébergement compris. A lui seul, le vol avait toutefois coûté 82.000 francs. Pour l'an 2000, la Confédération a payé 18.500 francs et, pour janvier 2001, 4.000 francs, a précisé Viktor Schlumpf.
Le porte-parole du DFJP affirme ne pas savoir avec certitude où se trouve désormais Ahmed Zaoui, se refusant à faire état de rumeurs. Il est en tout cas peu probable qu'il soit en Algérie, où il a été condamné en 1997 à vingt ans de prison pour «actions terroristes» et n'a bénéficié d'aucune amnistie. De même, en France, Ahmed Zaoui est poursuivi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Le procès de l'Algérien et de plusieurs autres activistes islamistes, qui devait débuter jeudi dernier à Paris, a été renvoyé au mois de juin prochain.
Le cas d'Ahmed Zaoui est «tout à fait particulier», a précisé Dominique Boillat, porte-parole de l'Office fédéral des réfugiés en expliquant que cette affaire était sans précédent en Suisse.
swissinfo avec les agences

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