Balthus bien entouré
La rétrospective au Musée Jenisch à Vevey porte essentiellement sur les questions de style. Elle rapproche les oeuvres de Balthus de celles de ses pairs.
Le peintre Balthus, dont la mort en février 2001, suivie d'une grande exposition au Palazzo Grassi à Venise, a renouvelé l'intérêt porté à son œuvre, fait l'objet d'une rétrospective plus intime et ciblée au Musée Jenisch à Vevey (jusqu'au 25 août).
Eclairage original
Cette manifestation riche de plus cent peintures et dessins de Balthus bénéficie d'un éclairage original, grâce à la confrontation avec une quarantaine de travaux d'artistes «amis», soit des maîtres du passé, de Piero della Francesca à Delacroix, soit des aînés ou contemporains comme René Auberjonois ou Alberto Giacometti.
Dernière exposition conçue en étroite collaboration avec le peintre avant son décès, elle met en évidence la manière dont Balthus s'est nourri de sa propre admiration. Loin de répudier la tradition, comme les tenants des avant-gardes, notamment les surréalistes, l'auteur du «Roi des chats» (1935) ou du «Lever» (1955) a assimilé successivement les styles de ses amis.
Ainsi lors de la période de son amitié avec le Vaudois Auberjonois, dont «Le Lever du paysan» (1945), par exemple, présente des parentés avec «Jeune fille à sa toilette» (1948): un semblable usage de teintes sombres et terreuses, la vision frontale d'une jeune fille, encore enfant, aux contours ingrats.
Le rapprochement des dessins de Giacometti et ceux de Balthus dans les années septante est tout aussi éclairant. Balthus emprunte la manière propre à Giacometti de ressasser ses traits, d'éloigner la figure, d'introduire une respiration par le recours à la gomme. Grâce à ce courage qu'il eut de s'adonner à la copie, sans fausse honte, et de travailler son métier, Balthus a forgé son style, bien difficile à imiter.
swissinfo/Laurence Chauvy

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