Avis de mauvais temps dans les banques privées
En 2000, les banques suisses ne s'étaient jamais aussi bien portées. Elles annonçaient 19,5 milliards de bénéfices et des effectifs en hausse de 5400 personnes. 2001 s'annonce nettement plus morose. L'Union bancaire privée (UBP), à Genève, devrait perdre une centaine d'emplois.
La banque privée fondée par Edgar de Picciotto est un modèle de réussite. L'établissement, qui gère 58 milliards de francs d'actifs, avait embauché ces deux dernières années une centaine de personnes, souvent au prix fort.
Une féroce concurrence
Avec la déprime des marchés financiers, l'UBP a décidé de réduire la voilure. Comme l'annonce Le Temps de jeudi, la banque genevoise, qui emploie actuellement un millier de collaborateurs, devrait diminuer ses effectifs de 10% d'ici à la fin de l'année.
«C'est sans doute la première à le faire. Les autres y viendront», pronostique le quotidien genevois. En effet, selon une étude de PricewaterhouseCoopers, publié en mai dernier, les banques privées ont fini de manger leur pain blanc. Le secteur du «private banking» va subir un fort ralentissement.
La situation économique morose, et notamment la mauvaise santé de la Bourse, n'explique pas tout. La concurrence va devenir de plus en plus féroce. En effet, pour échapper au fisc, beaucoup de riches contribuables appréciaient le secret bancaire suisse.
Seulement voilà, beaucoup de ceux que PricewaterhouseCoopers appelle «High Net Worth Individuals», et qui dispose de 5 à 50 millions de dollars, sont de jeunes hommes d'affaires. Le montant de leur fortune s'affiche à la Une de tous les magazines économiques de la planète. Ils ne souhaitent donc pas la cacher mais la faire fructifier.
A un banquier suisse qui leur propose du 8%, ils préfèreront le gestionnaire de fortune américain capable d'offrir 15%. De plus, contrairement aux riches d'autrefois qui restaient fidèles au même établissement financier, cette nouvelle clientèle huppée se caractérise par son «infidélité croissante». Elle changerait de banquier comme d'autres de boulanger. Décidément, les traditions se perdent.
Ian Hamel

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