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Avec Emil, du film au cinéma

Fin ce week-end des Journées cinématographiques de Soleure. Présent parmi le public de cette 36ème édition, le célèbre humoriste Emil Steinberger. Qui oeuvrait également cette année en tant que président du jury du Prix du cinéma suisse.

Ce contenu a été publié le 28 janvier 2001

Emil, c'est bien sûr le célèbre Lucernois qui, dans les années 80, fit hurler de rire la Suisse entière - alémanique et romande sans distinction, c'est suffisamment rare pour être mentionné.

Un succès tel qu'en 1993, alors âgé de 60 ans, Emil décida d'émigrer à New York pour y retrouver un peu d'anonymat et surtout, de tranquillité. Il est aujourd'hui de retour, installé en Suisse romande, et occupé notamment à gérer le succès et les retombées de ce personnage qu'il s'est juré ne plus jamais endosser...

A côté du one-man-show, Emil Steinberger a toujours entretenu des relations étroites avec le cinéma. On se souvient bien sûr du film «Die Schweizermacher» (1978) de Rolf Lissy, cette remarquable satire (en était-ce vraiment une?) du processus de naturalisation en Suisse.

Mais avant même cette reconnaissance publique, il avait déjà été étroitement lié au 7e art: «Entre 1970 et 1980, j'avais deux salles de cinéma à Lucerne, dont j'assurais la programmation. Et avant cela, j'ai toujours été intéressé au cinéma underground. A l'époque, je venais déjà à Soleure pour y voir des films».

Après son break américain, sa présence à Soleure est une façon pour lui de se faire une impression du cinéma suisse actuel. Et le constat est un peu amer: «Malheureusement, cette impression est un peu triste. Ce qui manque toujours, c'est un peu d'humour. Est-ce que cela n'existe vraiment plus en Suisse? Qu'il s'agisse des fictions ou des documentaires, vous en sortez systématiquement abattu. Est-ce que c'est une maladie?»

Lui qui a passé sa vie à faire rire, était-il une exception culturelle? Ou au moins, a-t-il une explication à ce goût immodéré des cinéastes suisses pour le sérieux? «On peut peut-être trouver une explication dans les subsides fédéraux... Jusqu'en 1970, pour être soutenu un film devait être «Staatspolitik wertsvoll» (avoir un message qui ait une valeur politique nationale, NDLR). Et maintenant, il doit être «kulturellwertvoll», avoir une valeur culturelle. C'est terrible aussi: quand on écrit, on ne peut pas simplement être joyeux, il faut être culturel, sinon on ne reçoit pas d'argent de l'Etat!»

«Je trouve qu'on devrait différencier film et cinéma. Un film peut relever de l'art, de la réflexion etc. Mais si on parle de cinéma, il y a également d'autres lois: il faut penser au public, sinon ça ne marche pas... Le cinéma, c'est le show-time! Et le show-time a des règles bien spécifiques». Le message est clair.

«Nous faisons de meilleurs films suisses qu'Hollywood» dit avec un étrange humour (l'humour du désespoir?) le nouveau slogan des Journées cinématographiques de Soleure. Peut-être. Mais «films suisses» n'est pas pour autant un label de qualité. Et si, à l'instar de quelques-uns des leurs, les cinéastes suisses se mettaient à faire du cinéma?

Bernard Léchot

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