Arnold Böcklin à la conquête de Paris
Artiste majeur de la fin du XIXème siècle, Böcklin fait l'objet d'une première exposition en France au Musée d'Orsay.
La France découvre avec retard l'un des plus grands peintres suisses. Né en 1827, mort en 1901, l'artiste bâlois est l'auteur de «L'Ile des morts», tableau étrange et célèbre dans le monde entier, où l'on voit une barque s'approcher d'une île bordée de cyprès et de rochers.
L'embarcation est chargée d'un cercueil et d'une figure voilée. Cette oeuvre mélancolique et d'un rare pessimisme ornait un mur de la chancellerie du Reich car Hitler était un fervent adorateur de Böcklin. Depuis la fin du XIXème siècle jusqu'à la capitulation du Reich en 1945, Böcklin, qui a passé une grande partie de sa vie en Italie, était considéré à tort en France comme l'artiste allemand par excellence.
Réhabilitation progressive
Il faut attendre les années 1920 pour voir les surréalistes réhabiliter le peintre bâlois. Max Ernst, tout particulièrement, aimait les paysages d'Arnold Böcklin, faussement imprégnés de romantisme.
En France, l'œuvre de Böcklin touche enfin le grand public grâce à la large rétrospective que lui consacre le musée d'Orsay. Cette exposition met en exergue notamment la vision si singulière de l'Italie d'Arnold Böcklin: une interprétation nordiste et idéalisée de la latinité, travaillée par le rêve, à la lisière de l'inconscient, sans équivalent dans l'histoire de l'art.
Une peinture où le noir s'oppose à la couleur, où l'effroi et le plaisir se marient dans une savante et troublante alchimie. L'exposition «Arnold Böcklin, un visionnaire moderne» est à voir au musée d'Orsay de Paris jusqu'au 23 janvier.
Jacques Allaman, Paris

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