Pas de trêve pascale entre le président de la Confédération et le ministre de l'Economie. Adolf Ogi et Pascal Couchepin ont étalé dans la presse leurs divergences sur la réduction des effectifs de l'armée et des dépenses militaires

Pas de trêve pascale entre le président de la Confédération et le ministre de l'Economie. Adolf Ogi et Pascal Couchepin ont étalé dans la presse leurs divergences sur la réduction des effectifs de l'armée et des dépenses militaires.

Le bras de fer est engagé au cœur même du gouvernement. On savait que des divergences existaient entre Adolf Ogi et Pascal Couchepin à propos d’Armée XXI, nom donné à la réforme de la défense nationale. Cette fois, les deux conseillers fédéraux ont étalé leur différend sur la place publique.

Dimanche, c’est dans le journal «Le Matin» que le chef de l'Economie Pascal Couchepin a répliqué aux propos, tenus la veille, par le ministre de la Défense Adolf Ogi, à l’occasion d’une interview accordée au quotidien «Le Temps».

A sept mois de la remise du plan directeur d'Armée XXI, Adolf Ogi y précise que le passage d'une armée de 360 000 soldats à une armée de 200 000 personnes ne signifie pas une réduction du budget. Au contraire: «la nouvelle armée doit être équipée de matériels modernes et sophistiqués. Aussi, coûtera-t-elle autant qu'aujourd'hui, voire davantage.»

Jusqu'à la publication du programme d'armement 2000, en mars, faisant apparaître une dépense d'un milliard de francs pour l'achat de 186 chars de grenadiers suédois, Adolf Ogi avait laissé entendre que la défense du territoire ne serait pas la mission prioritaire de la nouvelle armée. L'acquisition programmée de ces chars démontre le contraire.

Pascal Couchepin avait déjà remis en cause, début avril, l’achat de ces chars (990 millions de francs pris sur le budget d’armement doté de 1,178 milliards de francs. Pour ce faire le Département de l'économie (DFE) a rédigé un «corapport», transmis directement à Adolf Ogi. Le chef de l'Economie demande d’avoir une vision plus claire de la future armée. Et ce avant une décision d’achat du char de grenadier. Il suggère le report de six à douze mois du vote du parlement sur un crédit, dont il ne conteste pas la pertinence.

Dimanche, Pascal Couchepin s’est à nouveau posé en adversaire du projet Armée XXI, porté par Adolf Ogi. Pour lui, l'armée suisse de demain ne devrait pas compter plus de 120 000 hommes. Elle doit coûter beaucoup moins cher qu'aujourd'hui. «Je suis aussi prêt à accepter 200 000 hommes, mais il faut qu'on me prouve que c'est vraiment nécessaire», a précisé le conseiller fédéral. La menace, en effet, n’est plus ce qu’elle était. Les risques d'affrontement traditionnels en Europe ont disparu pour les 25 prochaines années, comme le confirme le rapport de la commission Brunner.

Jugurtha Aït-Ahmed

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative