Argent détourné en Côte d’Ivoire: 5 millions de francs en Suisse
Le nouveau gouvernement de Côte d’Ivoire entend récupérer les fonds qui auraient été détournés par les anciens dignitaires du pays. Il y aurait quelque 45 millions de francs suisses en jeu, soit une bonne partie de l'aide européenne à Abidjan.
Le nouveau gouvernement de Côte d’Ivoire s'est donné pour tâche de récupérer les fonds qui auraient été détournés par les anciens dignitaires du pays. Il y aurait quelque 45 millions de francs suisses en jeu, soit une bonne partie de l'aide européenne à Abidjan. Et quelque 5 millions seraient déposés dans trois banques helvétiques. Les avocats de l'Etat ivoirien sont en train de préparer la demande d'entraide judiciaire.
Une fois de plus la Suisse se retrouve au coeur d’une affaire de détournements de fonds qui implique un homme d’Etat étranger. Quatre semaines après avoir pris le pouvoir en Côte d’Ivoire, le général-président Robert Gueï tente de récupérer environ 180 millions de francs français qui auraient été détournés par l’ancien président Henri Konan Bédié (photo). Cette somme proviendrait de l’aide octroyée entre 1992 et 1997 par l’Union européenne (UE) à la Côte d’Ivoire. Et il semble que le dossier soit destiné à prendre de l’ampleur.
Cet argent devait être consacré à la lutte contre le sida, au planning familial et à la décentralisation. Des produits médicaux auraient été fortement surfacturés. Selon le «Canard Enchaîné», des pèse-bébés valant 202 francs français ont été facturés 12 900 francs aux maternités. Les berceaux à 469 francs montaient à 2700 francs et le stéthoscope de 85 francs passait à 1750. Le tout payé avec les fonds européens.
Sont notamment visés trois personnages clés du précédent régime: l’ex-ministre de la Santé, Maurice Kakou Guikaoué, l’ancien ministre de l’Intérieur Emile Constant-Bombet, et Henriette Bédié, épouse du président déchu. «Sur les 180 millions de francs français détournés, quelque 20 millions seraient déposés dans deux banques à Genève et une à Zurich», estime Me Dominique Poncet qui, avec son collègue français Jacques Vergès, représente le nouvel Etat ivoirien.
A Genève, une enquête pour blanchiment d’argent devrait être ouverte rapidement. Vendredi les deux avocats ont présenté leur dossier au procureur général genevois Bernard Bertossa et une plainte sera déposée prochainement. L’UE, principale partie flouée dans cette affaire, pourrait se joindre à la demande d’entraide qui sera déposée par Abidjan. L’ancien juge français Thierry Jean-Pierre, membre de la Commission de contrôle budgétaire de l’UE, s’est d’ailleurs rendu la semaine passée dans la capitale économique ivoirienne.
Luigino Canal

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