Affaire Lazarenko : 120 millions de francs découverts à Antigua
Le juge genevois Laurent Kasper-Ansermet a envoyé une commission rogatoire à Antigua pour bloquer des fonds appartenant à Pavel Lazarenko, l'ex-premier ministre d’Ukraine actuellement détenu aux Etats-Unis.
Le juge genevois Laurent Kasper-Ansermet a envoyé une commission rogatoire à Antigua pour bloquer des fonds appartenant à Pavel Lazarenko, l'ex-premier ministre d’Ukraine actuellement détenu aux Etats-Unis.
Pour ce paradis fiscal des Caraïbes c’est probablement une première. Début octobre, les autorités d’Antigua ont bloqué à titre provisoire environ 120 millions de francs sur un compte appartenant à Pavel Lazarenko. Actuellement détenu à titre extraditionnel aux Etats-Unis, l’ex-premier ministre d’Ukraine fait l’objet d¹une enquête pour blanchiment d’argent à Genève. Acte inaccoutumé, la justice de cette petite île de l’océan Atlantique a décidé spontanément de geler le compte que Pavel Lazarenko possède auprès de l’European Federal Credit Bank à Antigua. «Le fait que les autorités aient agit de leur propre chef est d’autant plus remarquable que d’habitude, dans ce type de centre offshore, même nos demandes d’entraides sont rarement traitées avec rapidité», explique un magistrat.
L'European Federal Credit Bank aurait bénéficié de versements portant sur plus de 100 millions de dollars d’origines douteuses. Les enquêteurs suspectent que cet établissement est contrôlé aux travers de diverses sociétés offshore par Pavel Lazarenko avec l’aide de proches. Cette banque serait le réceptacle final des fonds qu’auraient détourné l’ex-premier ministre ukrainien. Il est soupçonné par la justice de son pays de corruption et de détournement de fonds publics. Pavel Lazarenko conteste ces accusations précisant qu'il s’agit d'un complot mis en place par ses adversaires politiques.
Informé de la découverte, le juge Laurent Kasper-Ansermet, en charge du dossier, nous a confirmé avoir envoyé fin octobre une commission rogatoire à Antigua pour demander le blocage de cet argent. A Genève, 13 millions de dollars sont déjà gelés, mais l’enquête est complexe. L’organigramme établit par la justice genevoise couvre plusieurs mètres carrés et l’un des comptes bancaires concernés a été utilisé pour plus de 2500 opérations. «La difficulté consiste à faire le tri entre les transactions commerciales légitimes et celles qui n'auraient pas de justifications économiques et qui seraient en relation avec des opérations de nature criminelle», explique Laurent Kasper-Ansermet.
Luigino Canal

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