A Porto Alegre, un autre monde en gestation
Pendant que le Forum Economique mondial est réuni à Davos, la fronde anti-mondialisation se retrouve au Brésil pour réfléchir à une alternative. ONG et politiciens suisses ont aussi fait le voyage de Porto Alegre pour participer à ce premier Forum Social Mondial (FSM).
«Un autre monde est possible»: tel est le slogan porteur d'espoir de ce rassemblement inédit. Une dizaine de milliers de personnes se sont donné rendez-vous pour remettre en cause la domination sans partage des forces du marché sur l'économie mondiale.
Le directeur du mensuel français Le Monde Diplomatique Bernard Cassen, l'un des pionniers de la lutte contre la «pensée unique», est à l'origine du mouvement. Il ne s'agit plus seulement de manifester sur les lieux des grands rassemblements du FMI ou de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), mais de proposer quelque chose de différent, au-delà de la contestation.
Un avis partagé par l'ex-président algérien, Ben Bella, qui a déclaré à swissinfo «être convaincu que le modèle économique actuel ne pourra pas promouvoir le développement du Sud».
Davos réunit donc les décideurs. Alors que Porto Alegre rassemble celles et ceux qui veulent bannir l'exclusion: des intellectuels, des syndicalistes, des leaders des peuples indigènes. Parmi eux huit politiciens suisses. La délégation, exclusivement romande, comprend des socialistes, des démocrates-chrétiens et des Verts.
Six d'entre eux sont conseillers nationaux. Il s'agit des écologistes Anne-Catherine Menétrey (VD) et Patrick Mugny (GE), des démocrates-chrétiens Thérèse Meyer (FR) et François Lachat (JU), par ailleurs vice-président du PDC, ainsi que des socialistes Valérie Garbani (NE) et Pierre-Yves Maillard (VD).
Les deux autres membres sont le député socialiste au Grand Conseil fribourgeois Bernard Bavaud et la vice-présidente jurassienne des Verts suisses Erica Hennequin.
Trois grandes idées vont dominer ce Forum alternatif: l'annulation de la dette des pays pauvres, la création d'une taxe sur les mouvements de capitaux internationaux et la défense de la sécurité sociale, d'une santé publique forte, menacée un peu partout dans le monde.
Danielle Mitterrand, la veuve de l'ancien président français, participe à la réunion, tout comme José Bové, l'agriculteur qui avait pris la tête de la fronde anti-Mc Donald's. En revanche, d'autres invités de prestige, comme Nelson Mandela ou les écrivains Saramago ou Gunther Grass n'ont pas fait le déplacement.
Les effets nocifs de la mondialisation ne manqueront pas d'être dénoncés à Porto Alegre. Le choix de cette ville n'est pas dû au hasard. Elle a été sélectionnée pour accueillir le FSM, en juin dernier à Genève, lors Sommet Social de l'ONU.
Porto Alegre (1,5 million d'habitants) est un port joyeux où les «gauchos» ont la réputation d'être très organisés. La ville est gouvernée par la gauche depuis longtemps, à l'instar de l'Etat du Rio Grande.
Claudinê Gonçalves et Thierry Ogier, Porto Alegre

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